L'Union européenne et le FMI ont répondu favorablement dimanche soir à une demande d'aide appelée à aller jusqu'à 90 milliards d'euros pour l'Irlande, qui va devenir le deuxième pays de la zone euro à bénéficier cette année d'un soutien après la Grèce.L'Union européenne et le FMI ont répondu favorablement dimanche soir à une demande d'aide appelée à aller jusqu'à 90 milliards d'euros pour l'Irlande, qui va devenir le deuxième pays de la zone euro à bénéficier cette année d'un soutien après la Grèce. La soupe est de plus en plus chaude. La cocotte risque de sauter si le gouvernement irlandais ne se prononce pas au plus vite pour un plan de sauvetage auprès de l'Union européenne. Le bouillonnement commence à se faire entendre. Six mois après le sauvetage financier de la Grèce, l'ancien «Tigre celtique» irlandais se rapproche à son tour d'un plan d'aide international pour renflouer ses banques en grandes difficultés, sous la pression d'une zone euro qui peine à sortir de la crise budgétaire. Le ministre des Finances irlandais souhaite que Dublin dépose au plus pressant une demande de prêt auprès du Fonds monétaire international et de l'Union européenne. Il a déclaré qu'il allait demander ce dimanche aux autres membres du gouvernement irlandais d'accepter un plan de sauvetage financier. Le plan pourrait se chiffrer en dizaines de milliards d'euros, a seulement dit Brian Lenihan qui l'a qualifié de «très important». Il a néanmoins démenti qu'il puisse dépasser les 100 milliards d'euros, comme certains l'avançaient. Le gouvernement irlandais devait se pencher sur la question dimanche dernier pour approuver cette demande dans la journée. « C'est un revirement humiliant pour Dublin » disent les observateurs. Car l'Irlande, jusqu';a il y a à peine quelques jours, niait encore qu'un tel plan soit en cours de négociation ou même qu'il soit nécessaire. Le déficit public annuel irlandais atteint 19 milliards d'euros, qui ne peuvent être financés au taux actuel du marché, selon le ministre. Il a expliqué que l'aide réclamée permettrait à l'Irlande de payer ses notes et de financer un fonds d'urgence pour soutenir les banques endettées du pays, qui perdent des liquidités. Une fois la demande adoptée par le gouvernement, l'Irlande va pouvoir entamer des négociations avec les responsables du FMI et de l'Union européenne. L'Irlande s'est attaquée à son déficit avec un plan d'austérité sans précédent destiné à le réduire de 15 milliards d'euros et qui était censé permettre à Dublin de ne pas devoir demander d'aide. Néanmoins, tous les efforts de dernière minute semblent s'avérer insuffisants pour éponger le trou financier dans lequel se débat Dublin. Alors que les quinze membres du gouvernement devaient apporter dimanche la touche finale à ce plan élaboré depuis septembre pour être, vraisemblablement présenté aujourd'hui, ce plan encore confidentiel a été approuvé par les dizaines d'experts du FMI, de la Commission européenne et de la Banque centrale européenne qui épluchent les comptes depuis jeudi. Le sauvetage irlandais est le dernier épisode de la crise budgétaire qui secoue la zone euro, engagée dans une bataille pour empêcher ses membres les plus faibles de sombrer. La Grèce a été sauvée de la faillite en mai et les spécialistes pensent que le Portugal, dont certains observateurs jugent qu'il a moins fait que l'Irlande pour maîtriser ses dépenses, pourrait être le prochain sur la liste. La solidarité british Si Dublin est sur le point de baisser les bras et de se retourner vers ses proches voisins et autres institutions financières internationales, Lisbonne, un autre dans le trou, ne cesse de répéter qu'il n'a pas besoin d'être secouru comme la Grèce l'a été au printemps dernier, mais l'inquiétude va croissant, en parallèle au creusement du déficit public. Pour certains analystes, «le risque d'implosion paraît similaire aux conditions prévalant il y a quelques mois en Grèce». Ils redoutent désormais que la crise s'étende et que des pays comme l'Espagne fassent défaut. La semaine dernière, l'Irlande a annoncé un plan de six milliards d'euros d'économies en 2011. Au lieu de rassurer les investisseurs sur sa volonté de se désendetter, elle n'a, semble-t-il, fait qu'attiser leurs craintes. «Il n'y pas de raison de lancer un plan de sauvetage» pour l'Irlande, a réaffirmé mardi le ministre irlandais des Affaires européennes Dick Roche. «Il y a un problème de liquidités dans les banques, mais je ne pense pas que la réponse appropriée soit que les ministres européens des Finances paniquent», a-t-il dit. Certains économistes estiment que l'Irlande devra accepter de recourir au fonds de stabilité mis en place le 7 juin par les 16 pays partageant la monnaie unique européenne. Ce fonds permet à des pays de la zone euro d'emprunter, en cas de difficultés, des capitaux sur les marchés avec la garantie des autres Etats membres de la zone euro. Pour le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, les problèmes de l'Irlande proviennent «des très graves problèmes de (son) secteur bancaire» dont les besoins de financement sont assurés selon Dublin jusqu'à la mi-2011. La crise irlandaise, a-t-il ajouté, «n'est pas une question de survie de l'euro». L'Irlande devra prendre des décisions douloureuses pour éliminer son déficit et restaurer la confiance des marchés à son égard. La population irlandaise n'échappera pas à un régime d'austérité comme ceux qu'ont été forcées d'adopter la Grèce et l'Argentine : Plus d'impôts, moins de services, le gouvernement n'a d'autre choix que d'augmenter ses revenus et de baisser ses dépenses. Les ministres des Finances de la zone euro et le Fonds monétaire international se sont dits prêts mardi soir à voler au secours si nécessaire de l'Irlande, alors que la stabilité de l'Union monétaire est à nouveau menacée par des turbulences sur les marchés. «Je crois qu'on n'arrivera pas à sortir de cette situation sans avoir une aide européenne», a estimé mercredi le ministre belge des Finances dont le pays préside l'UE. Il a précisé que cette aide serait «conditionnée à toute une série de demandes» en vue d'«améliorer la situation budgétaire» de l'Irlande. Après la zone euro, le Royaume-Uni s'est dit aussi prêt mercredi à participer à une aide si elle était demandée par Dublin, même s'il ne fait pas partie de la zone euro. «L'Irlande est notre plus proche voisin. Et c'est dans l'intérêt national britannique que l'économie irlandaise réussisse et que nous ayons un système bancaire stable. Donc la Grande-Bretagne se tient prête à soutenir l'Irlande», a déclaré le ministre britannique des Finances George Osborne, en marge d'une réunion des ministres des Finances de toute l'UE à Bruxelles. Une participation de la Grande-Bretagne est «en discussions», a indiqué de son côté le commissaire européen aux Affaires économiques en soulignant par ailleurs que la situation de l'Irlande était «très, très sérieuse» et qu'il n'y avait «pas de temps à perdre». Si un plan d'aide est déclenché, l'Irlande pourra compter sur un Fonds de stabilisation financière mis en place au printemps par la zone euro, à la suite de la crise grecque. Il pourrait lever de l'argent sur les marchés avec une garantie apportée par les Etats de la zone euro, pouvant s'élever jusqu'à 440 milliards d'euros. En y ajoutant des prêts du FMI et de l'UE, le pot total disponible s'élève à 750 milliards d'euros.