Et subitement, villes et villages se sont dotés de salles des fêtes qui sont nées comme des champignons un peu partout pour que la fête bat son plein jusqu'aux petites heures du matin. On dirait qu'elles ont pris le relai des salles de spectacles qui sont rentrées, pour la plupart, dans l'obscurité la plus totale. Mais certaines ont réussi à tirer leur épingle du jeu en organisant des projections de films sur écran géant à partir de lecteur DVD industriel. Cela aussi rapporte de l'argent. À moindre frais. Fini le temps où les films étaient du ressort exclusif de l'office national et dans certains cas de la cinémathèque algérienne. Il y a des salles de cinéma qui vivotent. Les gérants font de gros efforts pour les alimenter, les entretenir et faire en sorte que les amateurs du septième art trouvent un tant soit peu leur compte. D'autres salles obscures sont dans le noir, pour ne pas dire dans le rouge. Elles sont devenues des dépotoirs. Des urinoirs. Des magasins. Des salles de meetings. Enfin tout sauf des salles où le citoyen pouvait aller se détendre le temps d'un film. À l'époque, la critique dans ce domaine se faisait sur le thème du film. Sa technique. Son impact. Aujourd'hui, on peut les qualifier de tout ce que l'on veut, sauf de salles de cinéma. Depuis quelques jours, tout le monde se réveille et veut récupérer les salles obscures. Principalement le ministère de la Culture qui « veut que les salles qui sont entre les mains des collectivités locales lui soient affectées. Un budget sera dégagé pour réhabiliter ces salles, afin qu'elles soient cédées en gérance à des entreprises de jeunes. Des jeunes que nous allons former avec l'aide du ministère de l'Industrie à la gestion économique des salles, mais également à la culture cinématographique ». C'est ce que vient d'annoncer Khalida Toumi, ministre de la Culture, précisant que le ministère n'a pas l'intention de gérer ces salles. Et déjà, il semble que des négociations sont menées avec le ministère de l'Intérieur qui a la tutelle sur les collectivités locales pour récupérer les 300 salles qui existent dans le pays et dont la plupart sont fermées. « À l'évidence, le ministère de la Culture n'a pas encore réussi à convaincre. Mais, je ne désespère pas », a appuyé Khalida Toumi. Il n'est pas normal, selon elle, que des films soient produits sans être vus par les Algériens. Elle a cité le cas des films de Ahmed Rachedi et Rachid Bouchareb, « Ben Boulaïd » et « Hors la loi » (ce long métrage vient d'être primé au festival de Damas). « Il est injuste que des films financièrement aidés par l'Etat soient mis dans les tiroirs. La distribution est la question épineuse du cinéma algérien. Il ne sert à rien de faire de bons films qui gagnent des prix dans les festivals mais qui ne circulent pas dans le pays. Quand les gens vont dans les salles et payent leurs tickets, une taxe est prélevée de ce ticket pour alimenter le fonds d'aide à la production cinématographique, mais également la fiscalité des communes », a-t-elle expliqué.