Mme Khadidja Belhadi, présidente de l'Association des femmes algériennes managers et entrepreneurs (AME), a préconisé l'installation d'un système de quotas, en attendant la parité qui doit passer par des étapes d'émancipation. La présidente de l'AME a appelé hier les pouvoirs publics à mettre en place un système de quotas pour les femmes, notamment, dans le secteur économique, afin de leur permettre de bien contribuer au développement du pays. «Un système de quotas pour les femmes est nécessaire, au moins dans un premier temps, afin de leur permettre d'utiliser leurs potentialités dans la contribution au développement économique et social du pays», a attesté Mme Belhadi, lors d'une conférence de presse sur le rôle de la femme dans l'économie algérienne. La concrétisation de ce système de quotas dans la vie économique doit, selon la présidente de l'AME, particulièrement, avancer l'exemple de l'attribution des marchés publics dans laquelle, il serait, d'après elle, possible de réserver certains projets socio-éducatifs, entre autres. Il s'agit également des modalités de distribution des locaux commerciaux dans le cadre du programme présidentiel (100 locaux par commune) ou encore l'octroi de foncier pour les activités artisanales qui ne nécessitent pas de grandes assiettes, a-t-elle encore expliqué. Mme Belhadi a, néanmoins, tenu à souligner que les quotas ne devraient en aucun cas, constituer une sorte d'assistanat pour les femmes opérateurs économiques, mais plutôt un moyen de les accompagner en vue de s'adapter avec le milieu des affaires qui demeure «hostile à la présence féminine», a-t-elle encore insisté. L'AME est une Association professionnelle de femmes algériennes chefs d'entreprises créée en 2005 et qui compte 250 adhérentes à travers le territoire national. D'autre part, l'accès aux marchés publics, au crédit et au foncier industriel, demeure aussi souvent hors de portée des femmes entrepreneurs algériennes confrontées à «d'innombrables difficultés bureaucratiques, mais aussi de mentalités». 3% de femmes chefs d'entreprises seulement La présidente de l'AME, qui reconnaît l'existence «d'une volonté politique» de la part des autorités en vue de promouvoir la participation de la femme sur tous les plans, a, toutefois, déploré le fait que cette volonté n'a pas pu être traduite concrètement dans la réalité, alors que l'apport de la gent féminine dans la vie économique, demeure «timide». Dans ce sens, le taux de femmes chefs d'entreprises est de seulement 3% sur l'échelle nationale, alors que ce taux est largement supérieur dans les pays voisins, comme la Tunisie (30%), a-t-elle fait savoir. De même, le taux de femmes inscrites dans le registre du commerce demeure nettement inférieur de 10% du nombre total d'inscrits sur le plan national avec 140.000 inscrites sur plus de 1,4 million de commerçants recensés durant les neuf premiers mois de 2010, à travers le territoire national, selon des chiffres présentés par une responsable du Centre national du registre de commerce, Mme Zahoua Chtiteh. «Même ce taux semble être loin de la réalité, puisqu'un bon nombre d'inscriptions sont des prête-noms», a fait remarquer Mme Belhadi.