L'association AME des femmes algériennes managers et entrepreneurs dénonce la politique de ségrégation appliquée à leur égard, notamment dans l'attribution des marchés, et demande à ce qu'un système de quotas leur soit appliqué par les institutions étatiques, leur octroyant 30% des marchés économiques. Les femmes chefs d'entreprise représentent aujourd'hui près de 3% de la force économique en Algérie. Malgré leur détermination, elles sont souvent bloquées par les contraintes bureaucratiques qui entravent leurs projets d'expansion et d'évolution. Dans une conférence de presse organisée hier au siège de l'association, Mme Khedidja Belhadi, présidente et fondatrice de l'AME, revient sur les multiples obstacles rencontrés par les femmes managers et chefs d'entreprise, particulièrement l'iniquité qui existe dans l'attribution des marchés publics. «Les femmes sont souvent mises à l'écart lors de la sélection des entreprises soumissionnaires car elles sont beaucoup moins corruptibles», explique-t-elle, ajoutant que les marchés publics sont souvent monopolisés par les mêmes opérateurs, d'où la nécessité de mettre en place la politique du quota, qui permettra aux femmes entrepreneurs de se frayer un chemin dans le secteur choisi. «Sur le terrain, la femme a prouvé ses compétences mais le blocage exercé freine toute initiative de développement et de compétitivité loyale.» Dans ce contexte, Mme H. A., propriétaire d'une société de distribution de matériel d'enseignement, affirme ne pas avoir eu accès aux marchés publics, depuis près de cinq longues années. Elle explique que les institutions concernées font appel toujours à la même entreprise, au détriment des autres et qui proposent une qualité de service meilleure. La même intervenante souligne que plusieurs allègements sont accordés par l'Etat pour la création d'entreprises, mais l'accès au marché devient presque impossible avec le phénomène de la corruption qui prend des proportions alarmantes dans le pays. Evoquant les facilités accordées par l'Etat dans ce domaine, Mme Chetitah, directrice du registre du commerce d'Alger Ouest, avance que durant l'année 2010, 110 000 registres du commerce sont enregistrés au nom de femmes de différents âges. Un regain important en comparaison avec les années précédentes. Malheureusement, dira Mme Belhadi, les entreprises créées au nom de ces femmes sont souvent gérées par les conjoints, les frères ou encore les enfants. A cet effet, elle annonce que des campagnes de sensibilisation seront organisées à travers toutes les wilayas du pays, en collaboration avec d'autres associations, afin d'informer et de sensibiliser la femme sur la nécessité de gérer sa propre entreprise. Créée en 2005, AME a toujours œuvré pour l'implication de la femme algérienne dans tous les domaines. Dans ce cadre, plusieurs formations de qualité sont assurées aux jeunes femmes désireuses de créer leur propre entreprise. Un suivi et un encadrement de deux ans leur sont accordés afin de leur garantir la réussite de leurs projets.