Cancun – Abdelkader DJEBBAR Le Mexique et l'Agence internationale de l'Energie (AIE) ont lancé un appel aux entreprises privées à multiplier leurs efforts pour réduire les émissions de carbone en matière de lutte contre le changement climatique. «N'attendez pas l'accord sur le changement climatique, parce que cela prendra du temps», a déclaré la ministre mexicaine de l'Energie. C'est hier à Cancun que les ministres de 190 pays dont l'Algérie par le ministre Rahmani devaient entrer dans le vif du sujet pour savoir comment sauver la planète terre un an après l'échec de Copenhague. S'il n'y a pas d'entente globale sur la question, inévitablement, c'est tout le processus onusien qui est une nouvelle fois discrédité. Déjà l'Organisation mondiale de la météo souligne « l'urgence qu'il y a pour relever le défi » en annonçant que l'année qui s'achève serait certainement l'une des trois années les plus chaudes jamais enregistrées. C'est donc à Cancun que tous les espoirs sont encore permis pour désamorcer la bombe qui menace les négociations : l'avenir du Protocole de Kyoto. Durant une semaine, les équipes de négociateurs ont tenté de progresser sur toute une gamme de sujets censés composer «un paquet équilibré» de décisions -lutte contre la déforestation, création du Fonds climat, ou encore contrôle des actions promises pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). Selon la ministre mexicaine des Affaires étrangères Patricia Espinosa, s'il y a des «progrès» sur certains dossiers, les parties ont fait «marche arrière» sur d'autres. «Quand on arrive à la fin de la première semaine, il commence à y avoir des prises de positions un peu plus fortes, un peu plus radicales, des effets de manche», constate de son côté l'ambassadeur climat de la France. «Et il ne faudrait pas que ceci fasse tourner les choses. Il faudrait que la volonté de compromis demeure», a-t-il ajouté. La question de l'avenir du Protocole de Kyoto, sujet qui a quasiment éclipsé tous les autres, est «une épée de Damoclès» sur la conférence, a dit le négociateur en chef de l'Union européenne. C'est le Japon qui a mis le feu aux poudres en réaffirmant solennellement, dès l'ouverture de la conférence le 29 novembre, qu'il ne signerait jamais une seconde période d'engagement du traité, après la première qui expire fin 2012. Un texte «pas juste», a réitéré samedi la délégation nipponne, car il fixe des objectifs chiffrés de réduction d'émission de GES aux pays industrialisés, mais n'impose rien aux deux plus grands pollueurs: la Chine et les Etats-Unis qui ne l'ont pas ratifié. Le Canada et la Russie sont aussi réticents, voire franchement hostiles, à une nouvelle période d'engagement. Face à cette situation, la responsable climat de l'ONU, Christiana Figueres, a enjoint les parties au «compromis», et à reporter la question au prochain grand rendez-vous climat, fin 2011, à Durban (Afrique du Sud). La deuxième semaine de négociations devrait alors être consacrée à la recherche de la «formule un peu ambiguë» qui satisfasse tout le monde puisque jusqu'à présent un peu tout le monde patauge dans la boue au risque d'un enlisement sans solution concrète et surtout durable. Les pays en développement insistent pour que les pays riches signent une seconde période d'engagement du Protocole, la première s'achevant fin 2012. Ils insistent pour garder le seul instrument légal qui impose des contraintes chiffrées en matière d'émissions de GES aux pays industrialisés (sauf les Etats-Unis qui ne l'ont pas ratifié). Les pays du sud veulent qu'il soit le plus possible rattaché à l'Onu, pour y être équitablement représentés. Les Etats-Unis veulent lui donner plus d'indépendance, voire le lier à la Banque mondiale. Mais où trouver ces 100 milliards? Le groupe consultatif de l'ONU préconise des «financements alternatifs», comme des taxes sur les transports et les transactions financières. La Chine, premier émetteur mondial, est particulièrement réticente à un regard extérieur sur ses plans climats, un point sur lequel insiste l'autre grand pollueur, les Etats-Unis.