Ils sont environ 80.000 squatteurs à vivre dans les caves des immeubles dans la wilaya d'Oran, a-t-on appris de sources bien informées. Un chiffre qui donne froid au dos, et le phénomène prend des proportions alarmantes. En raison, d'une part, le vide juridique en matière de gestion de ces parties communes et d'autre part la flambée spectaculaire des prix des logements. Le phénomène est perceptible dans les grandes cités de la ville à l'exemple de la cité Yaghmoracen, cité Lescure, cité Perret, etc. Parmi les zones les plus touchées figurent en premier lieu la ville d'Oran suivie de celle d'Arzew avec 125 caves squattées. Plusieurs cités de la ville d'Oran sont gangrenées par ce phénomène social ascendant. Il s'agit des quartiers de Yaghmoracen, des Amandiers, de Petit Lac, du groupement urbain de l'USTO et du centre-ville où le phénomène date de plusieurs années. S'il est vrai que le squattage de ces caves, dépourvues du strict minimum des conditions de vie requises, est le fait de cas sociaux extrêmes, dont des veuves, des femmes divorcées, des expulsions malheureuses, etc. Il n'en demeure pas moins qu'au cours des dernières années le phénomène a été repris par la spéculation. Les caves sont monnayées à des sommes faramineuses aux familles qui avaient fui leur village d'origine, durant les années 90 pour des raisons sécuritaires, qui voyaient en ces espaces un véritable salut. «Vendues» entre 40 millions et 70 millions de centimes, ces caves représentaient une solution urgente aux problèmes posés. Or, chacun sait que les conditions de vie dans ces caves sont extrêmes pour ces familles. Pas d'aération, cohabitation avec les collecteurs de toutes sortes, taux d'humidité surélevé, odeurs nauséabondes des circuits d'assainissement, mitoyenneté avec les rats et autres insectes de tous genres. Les squatters profitent du laxisme des services concernés et de la connivence de certains locataires. Le squat des parties communes des immeubles prend de l'ampleur notamment à cause de la bulle immobilière qui frappe le marché du logement. Avec un budget d'achat de 200, voire 250 millions de centimes, on ne peut presque plus rien acheter à Oran sauf, avec un peu de chance, un studio ou un F2 dans un immeuble en ruine. Cette envolée spectaculaire des prix de vente a poussé les familles démunies à se rabattre sur les parties communes des immeubles. Le moindre espace est détourné par les squatters, généralement des enfants devenus adultes ou des parents des locataires. La plupart de ces squatteurs obtiennent l'aval des locataires pour construire leurs taudis dans les parties communes. Il y a quelques années, l'office de promotion et de gestion immobilière avait recensé plus de 825 caves squattées dans ses immeubles. Depuis, le phénomène n'a cessé de prendre de l'ampleur. Le dernier recensement effectué par l'OPGI en 2009 a révélé que pas moins de 4.500 caves étaient occupées par des familles de différents horizons sociaux.