Dans son discours de présentation de politique général du gouvernement devant le Sénat, le Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, a assuré que la croissance économique du pays «doit d'abord compter sur les potentialités locales, publiques et privées.» C'est là une nouvelle approche qui tranche avec les discours des précédents programmes d'investissements de l'Etat, lorsque la part du lion était réservée aux seules entreprises chinoises, Japonaises, turques et consorts. Cela d'ailleurs ne semble pas dissuader les chancelleries étrangères qui convoient par vagues d'hommes d'affaires dans les aéroports en vue de décrocher une part de la manne financière promise dans le cadre du prochain plan quinquennal. La reconnaissance des potentialités nationales est, certes, une victoire en soi mais qui reste incomplète du fait que les entreprises nationales sont rarement sollicitées pour les projets de développement. Il est vrai, aussi, que l'entreprise nationale publique et privée nécessite une mise à niveau, que les concernés revendiquent d'ailleurs à cor et à cris. «Un apport qualitatif de l'étranger» L'expérience a d'ailleurs prouvé que l'apport qualitatif ne passe certainement pas par le seul octroi de marchés aux entreprises étrangères. M. Ouyahia a attesté, que «l'entreprise algérienne compter sur les pouvoirs publics pour accompagner son essor sur son propre marché et pour tirer prioritairement profit de la commande publique». Pour Ouyahia, la marge préférentielle de 25% accordée aux entreprises nationales est une preuve du soutien de l'Etat à ces entreprises. Cela pour réconforter un patronnât qui a peur de voir les milliards du plan quinquennal s'envoler vers d'autres cieux. Fin diplomate, Ouyahia prend le soin de couper la poire en deux en affirmant «que les entreprises de ‘'pays frères et amis'' qui activent sur notre marché, sont appelées à concourir au développement de l'Algérie et à la modernisation de son économie en contrepartie de nombreux avantages qui leurs sont accordés par l'Etat, tels qu'une quasi défiscalisation durant la phase de maturation des investissements, l'accès aux commandes publiques aux conditions préférentielles reconnues aux entreprises nationales». Sur un autre registre, le chef du gouvernement soutient que «l'Algérie n'a pas besoin de privatiser pour assurer les équilibres de ses finances publiques», signifiant par là que le temps des vaches maigres est, à jamais, révolu. Une croissance de 8% pour l'agriculture Le secteur de l'agriculture qui fut, durant de longues décennies, le parent pauvre de la politique économique, se trouve aujourd'hui hissé au rang de moteur. Un secteur à qui l'on a fixé comme objectif «une augmentation de la croissance de 8% annuellement de manière stable et continue», selon M. Ouyahia, le secteur de l'agriculture qui bénéficiera d'un important appui annuel de 200 milliards de DA. Toutefois cette aide publique «pourrait évoluer à la hausse», mais, reste conditionné selon le Premier ministre, ‘'au rythme avec lequel augmenteront les productions agricoles, notamment celles stratégiques'', et au rythme de la réduction de la facture des importations alimentaires, et celui avec lequel l'économie agricole contribuera à la sauvegarde du pouvoir d'achat des consommateurs. L'autre objectif majeur du gouvernement, est de relever de 5% à près de 10 % la part de l'industrie dans la valeur ajoutée globale qui se crée annuellement. Enfin le troisième objectif du gouvernement et non des moindres, est de réduire le taux de chômage sous la barre des 10% durant le plan 2010/2014.Dans son intervention Ahmed Ouyahia a , par ailleurs, regretté, que l'industrie n'ait participé qu'à près de 5% de la valeur ajoutée globale en 2009, soit moins que la part des services de l'administration, qualifiant cette situation d' «inacceptable». Il rappellera aux sénateurs que les entreprises publiques, qui disposent encore d'une part de marché (sans toutefois définir son épaisseur), seront remises à niveau par l'Etat propriétaire, et accèderont au financement bancaire nécessaire à leur modernisation. «Près de 200 entreprises publiques ont déjà bénéficié de la mise en route de leur processus de modernisation pour un total de plus de 600 milliards de DA dont notamment près de 500 milliards DA de crédits bancaires sur le long terme et fortement bonifiés», a-t-il ajouté. Pour le secteur de la PMI PME, le Premier ministre a fait savoir que l'Etat a mis en place un important programme de soutien et un arsenal d'arrangements pour garantir leurs crédits bancaires, et alléger leurs charges fiscales et parafiscales. Le chef du gouvernement a fait, par ailleurs, un état des lieux de la situation économique nationale dans ses forces et ses faiblesses, relevant, en premier, la nécessité de «démultiplier» la participation de la sphère économique pour relancer la croissance, dans la mesure où la dépense publique d'investissements» ne sera pas toujours récurrente». Il profitera de l'occasion pour lancer un appel, vers le capital privé national pour un engagement plus consistant dans l'investissement productif, la création de richesses et d'emplois, et la participation à la croissance. Ouyahia considère, que l'importante dépense publique d'investissement a fortement fait progresser le développement humain et amélioré les conditions de vie des citoyens. Elle a aussi créé des emplois. Il prendra le soin de rester dans les généralités passant sous silence le fait que périodiquement l'Algérie profonde brule des pneus et érige des barricades pour revendiquer des emplois stables et mieux repartis. Le Premier ministre a soutenu également que le devenir économique de l'Algérie «ne saurait se construire dans le secteur des services seulement», affirmant que l'investissement étranger «n'a pas encore été au rendez-vous hors du secteur des hydrocarbures». Il a affirmé, enfin, que la détermination de l'Algérie à insérer son économie dans la mondialisation «ne saurait servir de passage pour transformer notre pays en comptoir commercial»