Si Oran m'avait été contée, sans que je connaisse la ville, j'aurais certainement eu toutes les misères du monde à croire mon narrateur. Mais devant la réalité qu'offre, ces temps-ci, la ville que je viens de redécouvrir, j'ai eu les jambes tout simplement sciées et, tout ce que mon narrateur aurait dit serait devenu du concret. El Bahia vient de vivre sa quatrième édition du Festival du film arabe. Oran s'est mise à rire l'instant de quelques soirées au cours desquelles tout le monde était gentil, tout le monde était beau. Et tout semblait baigner à merveille. Il faut dire qu'Oran, à l'occasion des grands événements, sait se mettre à la hauteur des attentes. Ce fut donc un lever de rideau tout en couleurs. Mais ce ne fut pas le cas quand ce même rideau a annoncé la fin d'une presque semaine d'arts et de culture certes réservés à certains seulement, puisque Monsieur tout le monde n'était pas de la partie, mais plutôt pour juste une toute petite partie. Dans les grands hôtels, dans les grands restaurants, dans les grandes artères, le festival était l'événement de l'heure. Dans l'ancien «Régent», c'était une autre ambiance digne des tenues de soirée sous les projecteurs des caméras et les flashs des appareils photo pour immortaliser ces quelques derniers jours de 2010, ouvrant la voie aux réservations dans les grands ensembles pour commencer la nouvelle année en beauté. Et là aussi, on se dispute les places, chacun voulant être à l'avant-scène comme pour suspendre le temps et entonner le compte à rebours à la manière de Big Ben, de Trafalgar Square ou encore de Piccadilly Circus. Oubliant, du coup, la place du 1èr Novembre 1954 ou le 5 Juillet 1962, ou encore, la place des Martyrs. Mais, hélas ! Oran juste après le 23 décembre 2010, a spontanément revêtu son manteau des autres mois de l'année, qu'il pleuve, qu'il vente ou que le soleil brille. Les abords des marchés, pour ne pas dire leurs entrailles, affichent une triste mine. Les poubelles débordent. Les sacs bleus jonchent le sol. Les bouteilles en matière plastique s'amoncellent par endroit. Les entrées des bâtiments sont des urinoirs, tout comme les murs de la poste El Makkari qui affichent des appels au civisme, les autobus ont piètre figure. Certains pseudos taxis donnent la nausée aggravée par la berlue des prix incontrôlés au mépris de la décence. En fonction des temps, et non plus de la météo, Wahran El Bahia prend différentes formes et présente des visages différents avec les mêmes pièces d'un damier qui ne change qu'à cause de l'usage qu'on en fait. Et, arrivent les travaux du drame..oops, du tram. Ces travaux qui n'en finissent pas. Ces travaux qui donnent lieu à toutes sortes d'anecdotes et plus même ; au point de défier toute imagination en attendant de répondre aux besoins quotidiens d'une population qui ne cesse d'augmenter, sans pour autant avoir droit à un minimum de services décents et corrects. Alors, Oran ne me sera plus jamais contée par manque de conteurs et de halqate.