La conquête spatiale africaine est enfin entrée dans l'âge adulte. Après l'étonnement enfantin, l'heure est désormais aux acquis géostratégiques, technologiques et industriels. Grâce à l'axe Pretoria /Alger mis en marche avec le lancement, le 9 décembre dernier, du programme spatial africain, African ressources management constellation (ARMC), les étoiles sont plus proches des Africains. Cette coopération spatiale donnera à l'Algérie des outils géostratégiques de pointe pour renforcer sa force économique et militaire dans la région. Véritables partenaires depuis la chute du régime de l'apartheid de triste mémoire, l'Algérie et l'Afrique du Sud entreprennent ensemble l'aventure spatiale. En effet, d'après les observateurs, ce programme vise à coordonner l'activité de quatre satellites d'imagerie de haute définition dont disposent l'Afrique du sud, le Kenya, le Nigeria et l'Algérie, afin de développer l'agriculture et mieux prévenir les catastrophes naturelles sur le continent. Pour rappel, ce programme a été lancé en 2004 puis mis en jachère pour des problèmes d'ordre techniques, bureaucratiques et politiques. Après l'insistance de l'Algérie, un mémorandum d'entente entre les 4 pays partenaires, sera signé à Alger en date du 7 décembre 2009. Tel que proposé, la constellation (ARMC) aiderait également à fournir un accès facile à des données satellite pour les utilisateurs dans les domaines suivants: gestion des catastrophes, la sécurité alimentaire, la santé publique, les infrastructures, l'utilisation des terres et la gestion des ressources en eau. Après les premiers clichés pris, il était fort indéniable de soutenir les activités comme le développement urbain, suivi de l'utilisation des terres, et de cartographie pour la surveillance des effets du changement climatique. Quand le rêve devient réalité L'ARMC qui a été inauguré par la South African National Space Agency va renforcer la coopération spatiale africaine qui est devenue si nécessaire au développement du continent noir. Initialement conçu en 2004, l'ARMC visait à développer une constellation de satellites pour fournir en temps réel, un accès illimité et abordable à des données satellitaires pour appuyer une gestion efficace de l'environnement et des ressources en Afrique. Trois réunions tenues en mai 2005 en Algérie, en septembre 2005 à Stellenbosch, Afrique du Sud, et en novembre 2005 à Abuja, au Nigeria, a démontré l'engagement et le dynamisme des Etats boostant rapidement les premiers stades du projet. Parallèlement, un comité de pilotage a été formé et un plan d'action élaboré pour faire avancer le processus. D'autres ateliers organisés en Algérie en 2006, Pretoria, Afrique du Sud en 2007 et au Kenya en 2008, ont renforcé les volontés antérieures. L'ARMC, qui est aussi un protocole d'entente entre les partenaires, a été signé par les gouvernements des quatre pays, le 7 Décembre 2009 au cours de la troisième Conférence des dirigeants africains sur les sciences spatiales et de la technologie pour le développement durable qui s'est tenue à Alger. L'Algérie, pionnière africaine de l'espace L'Algérie a lancé son premier satellite, Alsat 1, en 2002 dans le cadre de la gestion des catastrophes. Mais, c'est le satellite Alsat-2A, lancé le 12 juillet et placé sous la direction de l'agence spatiale algérienne (ASAL), qui sera associé à cette initiative africaine. Sa résolution, de 2,5m, le rend apte aux travaux de topographie et de suivi de l'agriculture, mais aussi à la surveillance des frontières et à la reconnaissance de camps terroristes. Le programme Alsat2, initié le 1er février 2006 par l'asal, en partenariat avec EADS Astrium, a été réalisé en France avec la collaboration d'une trentaine d'ingénieurs algériens. Son « petit frère » Alsat 2B, en revanche, été intégré au sein de l'unité de développement de petits satellites de Sidi El Bachir, à Oran. A terme, les 2 Sat pourront être pilotés à partir du sol algérien. Le Nigeria a lancé son propre satellite en 2003 dans le cadre du programme de DMC. Les deux satellites ont été construits par la Surrey Satellite Technology Limited, Guildford, Royaume-Uni. Le Nigeria, avec le soutien chinois, a également lancé Nigcomsat-1 mai 2007 qui a été malheureusement un échec. De son côté, l'Afrique du Sud a lancé le premier satellite du continent (Sunsat 1) construit par l'Université de Stellenbosch, en Février 1999. En septembre, elle a aussi lancé son deuxième satellite, le sam. Sumbandila, à bord d'une fusée russe. Bien que le Kenya a hérité des installations de lancement offshore (plate-forme San Marco lancement) du programme spatial italien, il n'a pas encore lancé son propre satellite. Les données de ces satellites identiques seraient obtenues grâce à une station au sol intégré. Le renforcement des capacités et le développement de faible coût multi-source stations de réception au sol pour aider les pays moins privilégiés d'accéder à des données de télédétection par satellite et de météorologie a été également pris en compte.