Les jeunes Oranais des quartiers populaires d'Ibn Sina (ex Victor Hugo), de Petit Lac, de Médioni, d'El Hamri ont hissé hier des barricades et ont bloqué l'accès à leurs agglomérats respectifs, en protestation contre la flambée injustifiée des prix des produits de première nécessité. Les manifestations ont commencé l'après-midi. Des groupes de dizaines de jeunes essayaient de forcer les ceintures de sécurité pour descendre en ville. Dans le centre ville, les commerces ont commencé à fermer vers 14 heures, par peur de voir leur boutique saccagée. Les administrations publiques ont également pris le relais. Vers 15heures30, le centre ville d'El Bahia est devenu désert. De rares automobilistes retardataires se hâtaient à mettre à l'abri leur voiture. A Petit Lac, des centaines de jeunes ont investi la rue durant l'après-midi. «Nous voulons manifester notre colère contre la hausse des prix de certains produits alimentaires, le chômage et la hogra », relève-t-on de leurs déclarations. Cagoulés et armés de gourdins et de barres de fer, ces jeunes ont carrément bloqué les accès à leur quartier, narguant les policiers en faction. Ils ont brûlé également des pneus, plongeant le quartier sous une épaisse fumée noirâtre. Des pères de famille quinquagénaires et même sexagénaires ont rejoint le mouvement de jeunes, criant contre la hausse des prix : «barakat, c'est trop ! C'est vraiment trop pour nous ! Que veut ce gouvernement ! Le bidon d'huile de 5 litres a atteint les 780 dinars et le kilo de sucre 150 DA. Sans parler des légumes où les tomates ont atteint aujourd'hui les 120 da. Il s'agit de produits alimentaires indispensables», peste un quinquagénaire barbu du quartier, Petit Lac. Pour cette ménagère rencontrée sur le perron de sa maison, «la flambée des prix n'a été que la goutte qui a fait déborder le vase. J'ai trois universitaires qui sont au chômage. Il faut que notre gouvernement nous considère comme des citoyens, des humains ». Et de renchérir : «je suis prête à mon âge de rejoindre ses jeunes et de manifester ma colère contre l'injustice ». « La vie est de plus en plus chère et dans peu de temps on ne pourra même pas manger. » lancera un jeune protestataire à El Hamri. Un autre ajoutera, « la cherté des produits alimentaire de base est la goutte qui a fait débordé le vase, on vit l'exclusion alors qu'on réside dans la seconde vile d'Algérie. On chôme et on habite des maisons qui tombent en ruine. ». Les mêmes scènes se sont enregistrées dans les quartiers Lamür (El Hamri), Médioni, Petit Lac. Selon des habitants, les jeunes sont, eux aussi, descendus dans la rue pour manifester leur colère contre la subite flambée des prix des produits alimentaires. Selon des témoins oculaires, des succursales de l'APC et des bureaux de postes ont été également victimes d'actes de vandalisme. Aux alentours du stade du 19 juin et sur le boulevard marchand des Martyrs des fumées noires ont été aperçues. Les policiers empêchaient tout le monde à sortir ou à accéder à l'intérieur du quartier. Si au quartier de Bastie (Ibn Sina), la brigade anti émeute est intervenue et est entrée en affrontassions avec les jeunes protestataires, dans les autres quartiers les policiers se sont contenté de boucler les périmètres La rumeur faisait que les jeunes se sont convenus à forcer les barrages de sécurité et à descendre au centre ville. Jusqu'à 17 heures, les émeutiers n'avaient pas atteint le centre ville. Mais tous les commerces et sont restés fermés. Dans les autres quartiers populaires, les affrontements entre les frondeurs et les éléments de la police ont continué, sans que les jeunes ne se résignent à se disperser.