Après la prise de bec survenue entre la ministre de la culture et les ses anciens compagnons du RCD, autour de la nouvelle sur le cinéma, c'est au tour des professionnels et autres observateurs de se débattre du nouveau texte, par presse interposée. Répressif pour certains, indispensables pour d'autres, le texte ne fait pas l'unanimité. Ainsi d'après le réalisateur Ahmed Rachedi, c'est l'absence de l'Etat et son désengagement du secteur au cours des dernières décennies qui est à l'origine du déclin du cinéma algérien. Partisan d'un retour en puissance de l'état dans ce secteur, il soutient pour sa part que «les choses allaient bien lorsque c'était l'Etat qui gérait» l'industrie du film pendant les années 1960 et 1970. Même son de cloche, du coté du journaliste et scénariste Boukhalfa Amazit, repris également par l'agence de presse. Le désengagement de l'Etat a engendré la «transformation des salles de cinéma en vidéothèques» et «une baisse de production» de films. L'implication de l'Etat semble pour les deux protagonistes , indispensable en vue d'une relance de l'industrie cinématographique. Ce retour de l'état est «bénéfique» à condition, qu'il soit accompagné de garanties de liberté d'expression, seuls à même de libérer la créativité, indiqué M. Amazit. Si le texte fait débat, c'est que ces détracteurs, et pas des moindres, sont aussi nombreux que ses partisans. En effet, parmi les sceptiques, il y a le journaliste et ancien directeur de la télévision algérienne, M. Abdou Bouziane qui juge «étouffant» ce retour de l'Etat-gestionnaire dans le secteur du cinéma consacré par la nouvelle loi. Abdou B, n'y va pas de main morte lorsqu'il s'agit de défendre une libéralisation du secteur qui a donné ses résultats par ailleurs. Cette loi signe, selon lui le retour d'une vision dépassée qui consacre, paradoxalement, la «centralisation» comme axe de relance du cinéma algérien. «Partout dans le monde où le privé a pris les rênes, le cinéma a été florissant», a-t-il expliqué. Ses propos sont même beaucoup plus acerbes, lorsqu'ils traient de l'article 5 qui conditionne toute production de films sur la guerre de libération nationale à un visa des autorités. Selon ses propres termes repris par l'APS, celui ci «castre la création et le créateur». «On peut ainsi refuser n'importe quel projet de film sous prétexte d'atteinte aux symboles de la Révolution», a-t-il déploré à l'agence de presse. Enfin, Abdou B voit dans ce texte une velléité tendant à «museler le cinéaste», selon l'APS. La loi relative à la cinématographie continue alimenter une vive polémique au sein même de la corporation concernée.