L'envasement des barrages de la région Ouest du pays, conséquence la plus grave de l'érosion hydrique des sols, est un défi à surmonter. Le potentiel hydraulique national perdrait annuellement, selon certaines estimations, environ 30 millions de mètres cubes en raison de l'érosion des bassins versants. Dans les treize barrages de l'Ouest, le taux d'envasement a atteint un seuil intolérable, a-t-on appris hier. Il avoisine désormais les 182 millions de mètres cubes. Le barrage de Gargar a été lourdement affecté par ce phénomène. Cet ouvrage hydraulique a vu sa capacité d'emmagasinement, estimée initialement à 450 millions m3, se réduire à 358 millions m3 en l'espace de quelques années seulement. Il a ainsi perdu près de 100 millions de mètres cubes de ces capacités initiales de stockage. Au niveau du le barrage de Fergoug, dans la wilaya de Mascara, le taux d'envasement a atteint 80%. Certains experts estiment que le taux d'envasement moyen dans les barrages du pays avoisine les 40%, alors que le ministère des ressources en eau avance un taux de seulement 12% sur un potentiel hydraulique de 800 millions mètres cubes. «Le taux d'envasement des barrages, calculé à partir de levées métriques entre 2004 et 2006, est de seulement 12%», soutient le ministère de tutelle, qui a lancé une opération de désenvasement de sept (7) barrages, dont cinq dans la région Ouest du pays. Il s'agit de grands travaux de dragages et de reboisement des bassins versants pour endiguer l'érosion hydrique. Une opération similaire d'un montant de 18 milliards de dinars est lancée pour la protection d'une dizaine de retenues. Cependant, ces chantiers titanesques butent sur le terrain contre de nombreuses difficultés et en particulier pour le stock de l'eau concentrée soustraite du fond des barrages. Il faut deux mètres cubes d'eau pour chaque mètre cube de vase. Les barrages algériens sont menacés par l'envasement en raison de désertification accélérée et l'érosion hydrique intense des bassins versants telliens. Pour certaines retenues, la sédimentation annuelle peut représenter des valeurs de l'ordre de 6 % du volume total. Les effets néfastes de ce phénomène sont nombreux, allant de la réduction considérable de la capacité d'emmagasinement et de stockage du barrage, jusqu'à la dégradation nette de la qualité de l'eau du barrage. Il existe plusieurs moyens de lutter contre ce phénomène, les chasses, le dragage, le soutirage des courants de densité. Il y a aussi la surélévation ou, mieux encore, l'utilisation nouvelle des barrières végétales. Toutes ces méthodes restent partielles s'il n'y a pas une vision globale du phénomène et qui nécessite le concours de toutes les compétences scientifiques en la matière. Notre pays compte actuellement une soixantaine de grands barrages, en cours d'exploitation, d'une capacité de 5,7 milliards de mètres cubes. Le secteur des ressources en eau prévoit la réception dans les prochaines années de 12 autres grands barrages et de plusieurs retenues colinéaires