L'envasement des barrages constitue sans doute la conséquence la plus grave de l'érosion hydrique. Le potentiel hydraulique perd annuellement environ 30 millions de mètres cubes, selon des chercheurs de l'université de Blida. Cette quantité est énorme pour certains barrages. La sédimentation annuelle peut représenter des valeurs de l'ordre de 6% du volume total. Les effets néfastes de ce phénomène sont nombreux, allant de la réduction considérable de la capacité d'emmagasinement et de stockage du barrage, jusqu'à la dégradation nette de la qualité de l'eau du barrage. Rencontré hier en marge d'une journée algéro-espagnole sur l'auscultation des barrages, le directeur de la mobilisation des ressources en eau auprès du ministère, Abdelouahab Smati, a minimisé le phénomène. «Nos barrages contiennent depuis leur conception, leur mise en eau et leur exploitation, des mesures permettant de réduire le risque d'envasement», a-t-il dit, en précisant que «ces mesures sont entreprises pour suivre l'évolution du comportement de l'ouvrage lors de son exploitation.» «Nous allons être en veille technologique, il s'agit de mettre en évidence une méthodologie utilisée dans le cadre de l'auscultation dynamique du barrage par nos partenaires espagnols qui sont très en avance en matière d'infrastructure, de télégestion et de contrôle des ouvrages hydrauliques par rapport à ce qui se fait en Algérie en termes d'auscultation et de contrôle», a expliqué M. Smati. En effet, l'auscultation permet d'avertir de dépasser les niveaux d'accélération maximale, mais aussi d'enregistrer les mouvements causés par les tremblements de terre et l'analyse ultérieure de la réponse de la structure. Interrogé sur le nombre de barrages qui présentent un taux élevé d'envasement, M. Smati a expliqué qu'«on ne peut pas déterminer qu'elle est la part des barrages envasés en Algérie, étant donné que l'envasement est un phénomène constaté à l'échelle de toute la rive de la Méditerranée du Nord au Sud, vu qu'il s'agit de sol dénudé». Toutefois, il a indiqué : «Nous agissons en amont; nous essayons de maintenir nos bassins versants dans un état de reboisement qui diminue l'effet doublement néfaste des pluies irrégulières qui tombent sur un sol nu. Nos barrages sont pratiquement dans les normes en termes de niveau d'envasement prévu à la conception», a-t-il dit en soulignant que «le taux d'envasement enregistré au niveau des barrages réalisés à ce jour a été prévu par les études conceptuelles de barrage, donc, il n'y a pas un taux d'envasement prépondérant d'un barrage à un autre à partir du moment où nous en avons tenu compte avant même la réalisation des ouvrages». M. Smati a tenu à préciser : «Nous procédons également au dévasement du barrage tous les cinq ans pour savoir si on est dans la garde d'envasement prévue au début de la réalisation de l'ouvrage.» L'expertise espagnole Evoquant le partenariat avec des entreprises espagnoles spécialisées dans le domaine des ressources en eau, ce même responsable nous signale qu'«elles détiennent une longue expérience dans la réalisation et l'exploitation des ouvrages hydrauliques», à l'image de la société Ofiteco qui est intervenue dans plusieurs projets à l'étranger, notamment en Amérique latine. Il convient de souligner sa participation aux projets de réalisation des travaux de réhabilitation, de rénovation et de maintenance du dispositif de supervision du barrage de Béni Haroun en Algérie. Le contrôle, la surveillance et les travaux d'instrumentation et d'auscultation du métro de Caracas au Venezuela, la maîtrise d'œuvre du barrage Piedra del Águila en Argentine…