En Egypte, ça tonne de partout. Ça éclate de toute part. Le peuple crie sa colère. Il réclame le départ de Moubarak au pouvoir depuis une trentaine d'années. Son départ avant qu'il n'installe son fils pour le remplacer. Une monarchie indigne de ce nom. Il n'y a pas qu'au Caire, sur la place Talaat Harb, que les assoiffés de démocratie, que les chômeurs, que les affamés et les sans logis, partent en guerre contre le régime de Moubarak dont le nom évoque pourtant la baraka. Un peu partout à travers les principales villes de par le monde, des voix s'élèvent contre la tyrannie de Hosni, Hosni qui vient de se faire remonter, en quelque sorte, les bretelles, de se faire rappeler à l'ordre et surtout de ne pas tuer son peuple et de respecter ses engagements. Le peuple égyptien ne se reconnaît plus en Moubarak et encore moins en ses engagements pour une vie meilleure en procédant à des changements. Des changements imposés par le peuple à travers les manifestations qui embrasent l'ensemble du pays. De suez au Caire. Du Caire à Alexandrie. Pourtant, Hosni, pendant ses trente années de règne, aurait pu respecter un peu plus son peuple en le soignant plus humainement ne serait-ce que pour le fait de l'avoir élu avec des scores record, d'après les chiffres et pourcentages avancés à chaque élection par ceux qui tiennent et détiennent les rênes du pouvoir. Le peuple veut la chute du régime. Les dizaines de milliers de manifestants qui ont hué Hosni Moubarak, hier, ont forcé le pouvoir à agir: le chef d'Etat de 82 ans a annoncé la formation d'un nouveau gouvernement. Cette concession apaisera-t-elle la vague de contestation qui déferle sur l'Egypte depuis quelques jours ? Rien n'est moins sûr. Hosni Moubarak lâche du lest. Face à l'ampleur des manifestations, un nouveau gouvernement devait être formé hier, et des réformes sociales et économiques seront adoptées, foi du président égyptien, qui s'est exprimé la nuit dernière à la télévision. Du même souffle, il défend la répression exercée par les forces de sécurité pour contenir la mobilisation populaire sans précédent au cours de ses 30 années au pouvoir. «Nous protestons contre le président. Il est au pouvoir depuis près de 30 ans et nous vivons une vie de misère depuis qu'il est là. Nous subissons l'injustice sociale, les brutalités policières... Nous voulons qu'il parte, nous voulons mieux pour notre pays», réclament des cairotes à bout de nerfs. C'est maintenant ou jamais. Nous n'aurons peut-être pas la chance de revivre ça», a assuré un manifestant, brandissant sa pancarte sur laquelle il était écrit «Du changement, de la liberté».