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Selon le pronostic du secrétaire d'Etat chargé de la statistique, M. Ali Boukrami : «Réaliser une croissance à deux chiffres est à la portée de l'Algérie»
M. Ali Boukrami, le secrétaire d'Etat chargé de la statistique, rejoint M. Isaad Rebrab, le PDG de Cevital, sur la possibilité de l'Algérie de réaliser une croissance économique à deux chiffres. Il donne sa vision des réformes de l'économie à entreprendre. Focus ! Pour peu qu'elle augmente sa productivité qui reste encore faible, l'Algérie est en mesure d'atteindre une croissance importante selon M. Ali Boukrami qui affirme : « nous pouvons réaliser une croissance à deux chiffres », appelant à «réorienter l' investissement public vers la production». Selon ses explications, la croissance en général est le résultat de trois facteurs clés que sont l'augmentation du travail, la hausse du capital et la progression de la productivité. Or, la croissance en Algérie est beaucoup plus le résultat de l'augmentation du capital que de la productivité qui reste faible, malgré le nombre important d'emplois créés ces dernières années. Détaillant son analyse, il a expliqué que «chaque point d'augmentation du taux d'emploi donnera lieu à 1,5 point de hausse de croissance, mais cette corrélation n'est pas évidente dans le cas de l'Algérie pour des considérations de productivité». Même avec l'augmentation du taux d'emploi de 3% ces dernières années, à l'exception de l'année 2010, qui a enregistré une croissance de 4%, l'Algérie n'a pas réussi à transformer ce taux d'emploi en croissance équivalente, explique M. Boukrami, en plaidant pour le développement de l'investissement productif. «Cela veut dire que les emplois qui ont été créés n'ont pas une grande productivité», a-t-il constaté en soulignant que «l'enjeu de l'économie nationale est de revenir à la productivité et à une utilisation rationnelle des moyens de production». Il constate que le financement de l'investissement public «a atteint son plafond durant les deux dernières années, alors que l'investissement privé reste faible et dépendant dans sa majorité des contrats publics». En 2009 par exemple, environ 3.800 milliards (mds) de DA (environ 53 mds de dollars) ont été alloués à l'investissement public, alors que l'investissement privé, dans un secteur très productif comme l'industrie, n'a pas dépassé 6 mds de DA durant cette période contre 3 mds de DA en 2008, a-t-il avancé pour illustrer cet important écart. Dans ce cadre, il observe que l'investissement public pose, depuis deux ans, «un problème d'absorption financière», soulignant à ce propos l'instruction du président de la République d'effectuer une évaluation régulière des capacités de ces ressources et leurs incidences sur la croissance. En outre, note-t-il, l'essentiel de l'investissement public, durant les deux dernières années a profité plus à l'importation des équipements publics qu'à l'économie réelle productive. M. Boukrami explique cependant que ce programme d'équipement a donné à l'Algérie une Productivité globale des facteurs (PGF) exceptionnelle, c'est à dire une croissance liée à l'organisation, à la technologie et aux infrastructures et qui va, à terme, lui donner un avantage concurrentiel en matière d'investissement. Mais les incidences de cet investissement de soutien sur la croissance seront faibles s'il n'est pas vitalisé par des investissements productifs appropriés, a-t-il averti. A la question de savoir si les autorités publiques prévoient de réduire cet investissement, le secrétaire d'Etat aux statistiques a répondu: «de facto, il sera réduit et réorienté vers les secteurs productifs car dans le cas contraire, plus on investit dans ce soutien plus les effets attendus ne seront pas atteints», prévient-il. Encore faut-il, suggère M. Boukrami, améliorer le climat d'investissement, en mettant l'administration au service des opérateurs économiques. La priorité du gouvernement sur ce point est de «parvenir à une stabilité institutionnelle», c'est à dire parvenir à produire des textes adéquats en matière de législation économique, en tenant compte de l'environnement économique, et de diminuer leur nombre jugé élevé, explique-t-il. Commentant enfin, le choix pour l'investissement public, M. Boukrami a indiqué «qu'il n'était délibéré mais un choix de realpolitik» de la part des autorités publiques qui étaient contraintes d'assumer l'investissement en l'absence des IDE. Il y a aussi «des stratégies géopolitiques qui ont écarté l'Algérie de capter les investissements étrangers», reconnaît M. Boukrami en notant que la répartition 49/51% du capital dans le cadre des IDE n'explique pas cette réticence puisque les plus grands pays qui attirent les IDE dans le monde appliquent cette répartition. En 2010, la croissance économique de l'Algérie affichait un taux de 4% contre 2,4 % en 2009, selon des chiffres provisoires fournis par M. Boukrami. Le PIB s'est chiffré en valeur à 11.500 milliards de DA (environ 158 mds de dollars, ndlr), pas loin des 159 mds de dollars prévus par le FMI dans son dernier rapport. Les hydrocarbures et le PIB Le secteur des hydrocarbures a continué à contribuer pour une grande part dans le PIB en 2010, entre 40 et 45%, contre 31,4% en 2009, alors que les secteurs des services et du BTP ont constitué comme d'habitude la locomotive de la croissance de l'Algérie en 2010, grâce aux grands programmes d'équipements publics. En revanche, l'industrie est restée pratiquement stable en 2010, et pourrait même s'inscrire en légère baisse à 5% contre 5,5% réalisés en 2009, tandis que la part de l'agriculture est passée de 9,2% en 2009 à près de 11% en 2010. Pour 2011, le PIB de l'Algérie est appelé à augmenter à près de 170 mds de dollars, anticipe M. Boukrami.