Depuis le début du soulèvement le 25 janvier, avec les violences qui ont suivi, l'économie égyptien ne a perdu quelque 3,1 milliards de dollars (2,3 milliards d'euros). Le pays, considéré jusqu'alors comme stable, a frôlé le chaos. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) augmenterait sa production si les tensions en Egypte perturbaient le canal de Suez - passage stratégique du commerce mondial - causant une pénurie de pétrole. C'est ce que déclaré Abdallah El-Badri, secrétaire général de l'OPEP. Les médias officiels, citant lundi un responsable du canal de Suez, indiquent que le canal fonctionne « à plein régime », après sept jours de violentes manifestations du peuple contre le gouvernement en Egypte. Le canal de Suez qui relie Port-Saïd, sur la Méditerranée, à Suez, sur la mer Rouge, représente la troisième source en devises étrangères de l'Egypte. Le volume de son trafic est considéré comme indicateur de la santé du commerce maritime dans le monde. Le nombre d'entreprises qui ferment temporairement leurs portes ou pour une période indéterminée ne cesse d'augmenter. SNC-Lavalin a annoncé lundi qu'elle fermait ses bureaux au Caire jusqu'à ce que la situation se stabilise. L'entreprise canadienne compte 50 employés dans la mégapole égyptienne, mais peu d'entre eux sont des Canadiens. Nissan, constructeur japonais de véhicules, le brasseur néerlandais Heineken, le géant français Lafarge et l'armateur danois Maersk, notamment, cessent provisoirement leurs activités en Egypte. La Bourse et les banques sont fermées lundi à cause des manifestations. L'agence de notation Moody's a abaissé lundi la note de l'Egypte, qui passe de Ba1 à Ba2, en raison des troubles dans le pays. Les perspectives, autrefois jugées stables par l'agence, sont désormais considérées comme négatives. L'agence de notation Fitch a aussi émis la semaine dernière des perspectives défavorables, plaçant l'Egypte en surveillance négative. Au sujet des réserves de change de l'Egypte, elles risquent de fondre comme neige au soleil si la crise politique et sociale se poursuit. Les banques pourraient subir un flot de retraits précipités. Au sujet du tourisme, qui a rapporté 11,59 milliards de dollars américains à l'Egypte durant la dernière année financière, si la crise se prolongeait, les dégâts pour ce secteur majeur de l'économie égyptienne pourraient être considérables. Quelque 160 000 touristes ont quitté précipitamment le pays causant le chaos dans l'industrie hôtelière, une autre importante source de revenus, sinon la plus importante par les temps qui courent. En 2009, les exportations canadiennes de marchandises vers l'Egypte se sont chiffrées à 639,4 millions de dollars, ce qui a fait de ce pays le troisième marché d'exportation en importance du Canada dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord durant l'année. Pour les spécialistes, les vrais risques viennent d'ailleurs. Premier d'entre eux, une inflation galopante qui frappe de plein fouet les plus démunis. L'Egypte, premier importateur mondial de blé, a été durement touchée par l'envolée du prix des matières premières. De 11 % pour l'ensemble des prix à la consommation, l'inflation atteint 20 % pour les denrées alimentaires. Une hausse des prix dramatique pour la population égyptienne, qui consacre entre 40 et 60 % de ses revenus à l'alimentation. Environ 20 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, et encore 20 % juste au-dessus. Ces derniers risquent à leur tour de tomber sous le seuil lorsque les prix alimentaires flambent.