Le soulèvement populaire en Egypte n'est pas sans conséquences sur l'économie. De nombreuses entreprises étrangères ont d'ores et déjà annoncé avoir fermé leurs unités de production ou suspendu leurs activités et évacué leurs employés expatriés et leurs familles. Il en est ainsi du géant maritime et pétrolier danois A. P. Moeller-Maersk, du cimentier français Lafarge et du constructeur automobile Nissan, de la banque Crédit agricole, de France Télécom, de la compagnie pétrolière russe Loukoïl, du producteur de gaz Novatek, du gazier polonais PGNiG, ou encore du groupe énergétique allemand RWE et du cimentier italien Italcementi. Nissan a annoncé hier qu'il fermait son unité de production à Gizeh (sud du Caire), où il a assemblé l'an passé environ 10 000 véhicules 4X4 et camionnettes. Toutefois, Toyota, qui annulé tous les voyages d'affaires au pays des Pharaons, ne renonçait pas à son projet de produire sur place quelque 3000 4X4 chaque année à partir de 2012. Le fabricant d'électronique Panasonic a demandé à ses salariés de s'abstenir de se rendre en Egypte. La paralysie a également touché la place financière égyptienne. La Bourse du Caire est restée fermée, hier, pour la deuxième journée consécutive après son congé hebdomadaire de vendredi et samedi. Les banques sont aussi restées fermées et la plupart des distributeurs de billets étaient vides, hier. Il s'agit d'un coup dur pour l'Egypte, qui voit ainsi sa cote baisser auprès des investisseurs. L'agence de notation Moody's Investors Service a dégradé hier d'un cran sa note, désormais ramenée à «Ba2», et pourrait l'abaisser encore à moyen terme. Moody's a motivé sa décision «par l'augmentation récente et significative du risque politique» dans le pays. L'agence a jugé «négative» la perspective d'évolution de cette note, se disant préoccupée par le fait qu'une réponse politique aux troubles pourrait conduire à une nouvelle dégradation des finances publiques «déjà faibles». Le pays cumule une dette extérieure estimée à plus de 32 milliards de dollars en 2009. La dette publique représente 105% du PIB. Le taux d'inflation frôle les 19%. La quatrième économie d'Afrique risque de toucher le fond avec l'hécatombe qui menace le secteur du tourisme, dont elle tirait jusqu'à présent des revenus conséquents. De nombreux voyagistes ont suspendu les départs des vacanciers. L'Egypte avait accueilli, en 2010, près de 14,7 millions de visiteurs et généré des recettes évaluées entre 12,6 et 13 milliards de dollars. Le pays d'Anouar El Sadate s'embourbera davantage dans le chaos économique si la crise entraînait le blocage du canal de Suez. Le secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), Abdallah Salem El Badri, a laissé entendre que la menace était réelle et pourrait induire une pénurie de pétrole pour le marché mondial. Le canal de Suez, contrôlé par l'Egypte et par lequel transitent environ un million de barils par jour, constitue un des principaux passages pour le transport pétrolier entre le Moyen-Orient et l'Europe.