B. Mahmoud Le circuit que dessine la pratique de vol des câbles téléphoniques et électriques lève le voile sur de véritables réseaux bien organisés et structurés de manière pyramidale avec, au sommet, les exportateurs. Sonelgaz et Algérie Telecom sont les premières victimes avec des pertes se chiffrant en millions de dinars. L'isolement est, d'un autre coté, le principal désagrément qui pénalise les abonnés des deux opérateurs cités. Les bandes de malfaiteurs spécialisées dans le vol des câbles téléphoniques continuent de sévir à Oran. Le téléphone ne sonne plus depuis une semaine dans la localité d'El Mohgoun, un hameau de la commune d'Arzew, suite au vol de câbles téléphoniques. La quasi-totalité des abonnés de la localité d'El Mohgoun reste ainsi isolée des communes avoisinantes. Des milliers d'abonnés de la wilaya d'Oran, notamment dans les localités périphériques, sont pénalisés par la razzia à laquelle se livrent des bandes de malfaiteurs, très bien organisées, et qui ont leurs receleurs bien installés, à qui ils revendent pour 120 à 150 DA le kg, le cuivre qu'ils extraient des gaines des câbles qu'ils pillent. Tous les équipements à base de cuivre sont convoités (câbles électriques et téléphoniques, compteurs d'eau, canalisations…). De nombreux équipements nouvellement installés ont été cambriolés aussitôt après leur mise en place. La tonne de cuivre coûte sur le marché 500.000 dinars. Parmi les ouvrages les plus touchés par cette mafia du cuivre, il y a les câbles de distribution aériens et souterrains, une véritable saignée pour l'entreprise de télécommunication. Rien n'est épargné, ni les câbles de tous diamètres, ni les néoprènes d'abonnés. Chaque jour, depuis plusieurs années, ces équipements en cuivre sont convoités par les réseaux mafieux. La wilaya d'Oran détient, d'ailleurs, le triste record en matière de vol de câbles téléphoniques. Elle est classée première au niveau national devançant Annaba et Alger. Les pertes de l'opérateur public de télécommunication causées par les vols des câbles téléphoniques se chiffrent en milliards de centimes. Rien que pour les neuf premiers mois de l'année 2010, les services techniques d'Algérie Télécom ont recensé des pertes de plus de 33 millions de dinars. L'opérateur public de télécommunication a été victime de vols d'une dizaine de kilomètres linéaires de câbles. Une cinquantaine de vols ont été enregistrés en l'espace de quelques mois dans de nombreuses localités de la wilaya notamment à Aïn El Beida, Es Sénia et haï Nedjma (ex Chteibo). Malgré le démantèlement par les services de sécurité de plusieurs filières versées dans le trafic illégal de câbles de cuivre, le vol de ce produit prospère à Oran. Le phénomène du vol de câbles téléphoniques et/ou électriques porte un grand préjudice à l'économie nationale. Les vols sont l'œuvre d'un réseau bien organisé, allant de l'exécutant en passant par les intermédiaires à l'exportateur. Outre les pertes matérielles enregistrées chez Algérie Telecom et Sonelgaz, ce phénomène a été marqué, ces dernières années, par la mort de plusieurs ramasseurs (voleurs) et récupérateurs de déchets. Ce sont souvent les enfants engagés par ces réseaux de vol qui sont régulièrement exposés au danger. Il est à rappeler que les exportations du cuivre avaient été définitivement suspendues en 2010, pour contenir le phénomène de vols des câbles téléphoniques et électriques. Cette mesure a été prise par les pouvoirs publics dans le cadre du durcissement des conditions d'exportations des déchets ferreux et non ferreux.