Benachour Med La polémique enfle sur l'annulation de la Omra et du hadj pour cette saison 2009. Les 36.000 futurs hadjis et les quelques 120.000 candidats pour la Omra restent dans l'expectative. De même pour les agences de voyage qui s'interrogent sur le sort de leurs réservations. Les citoyens approchés réclament l'intervention des ulémas du conseil du culte pour trancher cette question qui les «intriguent» dans leur religion comme dans leur vie. «Il faut que les instances religieuses et scientifiques s'accordent sur une solution pour trancher cette question», déclare un sexagénaire, H. Ghaouti. Les médecins affirment, de leur part, que la promiscuité est un facteur important de propagation du virus A (H1N1) alors que le ministère de la Santé et celui des Affaires religieuses se rejettent la balle. Lors de sa visite effectuée hier à Oran, le ministre de la Santé, Saïd Barkat, conscient de la gravité de la situation en Arabie Saoudite, a estimé qu'il revient «à l'ensemble des pays musulmans de prendre la bonne décision et que, si demain, ces derniers décident d'annuler le pèlerinage 2009, l'Algérie ne peut en aucun cas faire abstraction». Du fait, le ministre interpelle les ulémas de se prononcer sur la question. Le chargé de la communication du ministère des Affaires religieuses et des Wakf avait déclaré, avant-hier, au quotidien «L'Expression»: «le ministère ne peut prononcer aucune décision d'annulation du hadj tant que le ministère de la Santé n'a pas donné le feu vert». Contacté par téléphone, le Directeur des affaires religieuses et des Wakf de la wilaya d'Oran a déclaré, de son côté, que «jusqu'à ce jour, il n'y a pas eu de débat parmi les ulémas et/ou les représentants du culte et que la tutelle n'a pas encore émis les mesures, les orientations à prendre». Le suspense est donc entretenu. L'avis du médecin Approché, un professeur du CHU d'Oran a affirmé que «le mélange et la promiscuité du hadj comme le veut le rituel sont des facteurs considérables pour la propagation rapide du virus de la grippe porcine». Et d'ajouter: «il appartient désormais à l'Etat de prendre la décision idoine». Notre interlocuteur fera également un parallèle avec la suspension de la Omra par la Tunisie: «le cas de la Tunisie est très évocateur. En effet, la décision de la suspension du petit pèlerinage (Omra) est scientifiquement et religieusement fondée. Je crois que l'Islam est une science, une vie et une religion». Dans ce contexte, l'Egypte et la Jordanie seraient sur le point de prendre la même décision, relève-t-on. Quant aux autorités sanitaires saoudiennes, elles ont déjà pris leurs devants en stockant d'importantes quantités de Tamiflu pour prendre en charge les éventuels malades. Des quantités équivalent à 10% de la population estimée à 25 millions d'âmes, selon les officiels saoudiens. 29 cas déclarés en Arabie saoudite Ces derniers ont également estimé que le plan mis en œuvre par les autorités de son pays en matière de prise en charge des hadjis ou de tous les pèlerins a montré toute son efficacité et qu'aucune épidémie n'a été enregistrée jusqu'à maintenant. Cependant, il faut savoir que l'alerte est à son paroxysme en Arabie Saoudite, surtout que 3 enfants résidant à Médine et un autre, âgé de 9 ans, résidant dans un hôtel à la Mecque ont été affectés par le virus de la grippe porcine, ont rapporté les médias du royaume wahabite. Ces derniers cas portent le nombre de cas enregistrés dans le Royaume à 29 depuis l'apparition du premier cas le 3 juin. Les mêmes responsables ont précisé que les autorités de Riad œuvrent en collaboration avec les experts de l'OMS et d'autres organisations internationales pour mettre en place une stratégie pour faire face au «fléau». Les voyagistes perplexes De leur côté, les propriétaires des agences de voyage ont déclaré que l'éventuelle annulation de la Omra pour le Ramadan et El hadj sera considérablement préjudiciable pour leur commerce qui fait ces plus importants chiffres d'affaire en cette période. A cet effet, le syndicat des voyagistes a déclaré, par le biais de Midoune Toufik: «les réservations pour la Omra et El hadj sont déjà faites. On est arrivé à un point de non retour». Et d'ajouter: «il serait également absurde que l'Etat annule la Omra sans pour autant annuler el hadj, c'est un nonsense». Un autre voyagiste a aussi noté que, «si l'annulation aura lieu, le manque à gagner et les pertes se chiffreront à des dizaines de milliards pour toutes les agences de voyage du territoire national». In fine, les citoyens interpellent les autorités afin d'avoir des précisions sur le sort de la Omra et El hadj de cette saison. B.M.