Empire du silence et des sens, le Grand Sud algérien a désormais le vent en poupe. Après la visite du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, les cortèges des responsables se succèdent brisant ainsi des années de statu quo… intenable. Au menu de la visite du ministre de l'Intérieur et des collectivités locales, Daho Ould Kablia, effectuée avant-hier dans la région d'Adrar, l'unité territoriale du Grand Sud et la constitution d'un fichier exhaustif d'Etat civil ont été les majeures préoccupations évoquées par le ministre. Avant-hier soir, Daho Ould Kablia est revenu, lors d'une rencontre avec les notables de la région d'Adrar, sur l'unité territoriale du Sahara le plus vaste au monde, avec plus de 2 millions de kilomètres carrés, soit 80% de la superficie totale du pays. Le ministre de l'Intérieur s'est déclaré confiant quant à l'engagement de la population des localités de l'extrême sud d'Adrar pour l'unité nationale malgré les enjeux que connaît la région. «Je ne crains aucune ingérence étrangère (dans cette région) en raison de l'engagement ferme de la population pour l'unité nationale», a-t-il souligné, relevant toutefois que des groupes terroristes vont essayer de pénétrer en Algérie par les frontières algéro-libyennes, en profitant de l'instabilité en Libye. La rencontre entre les représentants de l'exécutif et les notables de Bordj Badji Mokhtar intervenait à l'issue d'une journée marquée par une visite dans cette localité et celle de Timiaouine où les deux ministres avaient notamment procédé à la mise en service partielle d'un barrage inféro-flux à Timiaouine et l'inspection de postes avancés de police des frontières et des douanes dans les deux régions limitrophes avec le Mali. Le barrage de Timiaouine est d'une capacité de 10 millions de M3 extensibles à 15 millions. Sa mise en service partielle consiste en sa mise en eau alors qu'il devrait être complètement opérationnel l'été prochain. La deuxième et dernière journée de cette tournée sera consacrée à la visite d'infrastructures et de chantiers relevant du secteur de l'hydraulique, notamment le projet de protection de Bordj Badji Mokhtar contre les oueds. La distance entre le chef-lieu de la wilaya d'Adrar et Bordj Badji Mokhtar est de plus de 800 km, alors que celle entre Adrar et Timiaouine dépasse le millier de kilomètres. Le problème de l'Etat civil Les représentants des autorités locales et les notables de la région ayant pris la parole, à l'issue de l'intervention de M. Ould Kablia, ont affiché leur satisfaction quant à la consistance de cet ambitieux programme. Ils ont, toutefois, exprimé une série de préoccupations touchant, en particulier, la prise en charge des Algériens nés au nord du Mali en matière d'obtention de documents de l'état civil et du document de la nationalité, la réhabilitation et la rénovation des mosquées et écoles coraniques ainsi que l'accompagnement des artisans en matière de disponibilité de matières premières. En réponse, M. Ould Kablia s'est engagé à transmettre ces préoccupations au gouvernement et a promis de les prendre en charge. Il a, néanmoins, reconnu la difficulté de résoudre dans l'immédiat la question des Algériens nés au Mali et qui nécessite, selon lui, une étude profonde en concertation avec les notables qui «pourraient définir la généalogie» des personnes concernées et de confirmer leur nationalité algérienne.