Le gouvernement est décidé à mettre fin une bonne fois pour toute au marché informe qui gangrène l'économie nationale. Il multiplie les actions pour mettre un terme à cette économie parallèle qui freine le développement économique du pays et décourage le plus téméraire des investisseurs étrangers. Dans cette optique, les pouvoirs publics ont décidé de consacrer plus de 33 milliards de DA pour la réalisation de marchés de proximité devant accueillir les activités commerciales informelles à travers les 48 wilayas du pays nécessiterait une enveloppe budgétaire de plus de 33 milliards de DA selon une évaluation faite par les responsables locaux, a indiqué hier M. Khaldi Taha Haydar directeur au ministère de l'Intérieur et des collectivités locales cité par l'APS. Ces marchés sont destinés à offrir des espaces à plus de 90.000 commerçants, a précisé ce responsable. D'ores et déjà une enveloppe de 2 milliards de DA a été allouée au ministère pour le début d'aménagement d'une partie de ces marchés durant l'année en cours. Le gouvernement donc a opté pour les mesures incitatives afin de convaincre ces commerçants clandestins, et ce après avoir essayé la manière forte qui a montré ses limites. Les autorités avaient déjà annoncé la couleur en incluant plusieurs actions allant dans ce sens dans la loi de finances complémentaire au titre de l'exercice 2011. Ainsi, parmi les dispositions fiscales, des mesures ont été introduites dans cette LFC pour pousser les commerçants qui exerce dans la sphère parallèle à régulariser leur activité auprès des services fiscaux et de l'administration du commerce. Le gouvernement prévoit entre autre la mise en place de sites aménagés à leur intention. Ils seront soumis à un régime fiscal préférentiel. Ils auront de ce fait droit à une défiscalisation durant les deux premières années de leur activité. Ils bénéficieront durant la troisième année d'un abattement fiscal de 70%, de 50% la quatrième année et de 25% la cinquième année. Ils auront donc largement le temps pour avoir pignon sur rue et être en règle avec le fisc et les autres administrations. Selon chiffres officieux, il y aurait quelques 600000 commerçants exerçant dans le marché informel. Près de 70000 d'entres eux sont des grossistes. Ces chiffres reste cependant à confirmer. Le ministre de l'agriculture avait affirmé dans l'une de ses conférences de presse que 70% du commerce des fruits et légumes était l'apanage de l'informel. Les seuls chiffres officiels datent de 2003. Un rapport du Conseil national économique et social (CNES) avait cité l'existence de 700 marchés illégaux recensés à l'échelle nationale, sur une superficie de 2,7 millions de mètres carrés. L'office national des statistiques avait en outre souligné dans l'une de ses notes sur l'emploi qu'une personne sur deux travaillait dans l'informel. Le président du Forum des chefs d'entreprises, Reda Hamiani avait soutenu quant à lui que marché informel représente une part de 30 voire 40% de l'économie nationale. Une étude réalisée par cette organisation patronale quantifie la valeur de ce marché. La part de ce secteur est d'environ 600 milliards de dinars, soit 17% de l'ensemble des revenus primaires nets des ménages algériens. C'est dire l'ampleur d'un phénomène qui nuit gravement à l'économie nationale même si les ménages y trouvent leurs comptes avec les prix concurrentiels affichés dans ces zones de non droit qui échappent à tout contrôle. Ces marchés sont surtout connus pour écouler les produits contrefaits que ce soit les vêtements, le linge de maison, les chaussures en passant par la nourriture et différents biens de consommation alimentaires et non alimentaires. Cette connexion entre ces deux pratiques frauduleuses a des effets pervers sur le développement économique du pays. De nombreuses entreprises étrangères qui avaient manifesté leur intérêt pour le marché algérien avaient décidés de ne pas s'y implanter en raison des proportions alarmantes de ces fléaux. Les commerçants de l'informel seront-ils attentifs aux mesures prises dans la LFC pour leur permettre de revenir à la légalité ? Rien n'est moins sûr. Travailler dans la clandestinité serait plus juteux. Ces mesures doivent donc s'accompagner d'une compagne de sensibilisation pour éveiller un comportement citoyen de ces commerçants.