K. Issam A l'unanimité, les responsables africains qui assisteront au sommet du G8, prévu du 8 au 10 juillet, dans la ville italienne de l'Aquila, sont en force pour faire respecter les promesses et engagements des pays riches. Sur les ondes de la chaîne III, Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, a déclaré, hier, que les pays africains se battront bec et ongles pour que «les engagements du G8 ne soient pas remis en cause par des politiques de plus en plus protectionnistes des pays du Nord». En somme, les résolutions du rendez-vous italien sont très attendues par les pays africains qui avaient préparé leur participation à ce sommet comme jamais auparavant. En effet, selon Abdelkader Messahel, ce sommet sera «différent» des précédentes éditions car, a-t-il dit, «c'est la première fois que nous avons procédé à une préparation minutieuse de ce sommet». Et d'ajouter: «Nous avons eu plusieurs réunions, dont celle de coordination africaine organisée récemment en Algérie durant laquelle on a dégagé une position. Nous avons également eu une réunion à deux reprises avec le G8, à Rome et à Venise, pour cadrer ce dialogue, ce partenariat». «Pour la première fois, nous allons sortir avec un document commun, une décision commune», a-t-il dit, soulignant qu'une «réunion se tiendra en septembre prochain pour faire une évaluation des engagements réalisés». L'Afrique ne pollue pas, mais subit Le ministre délégué a révélé que les questions liées à la crise économique et financière et ses conséquences sur l'Afrique seront également évoquées par les chefs d'Etat africains, à l'instar du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, lors du sommet du G8 dans son segment Afrique. Quant aux chefs d'Etat africains mandatés par l'Union africaine (UA), lors de son sommet à Syrte (Libye), ils plaideront pour la participation de l'Afrique dans tout ce qui est processus de négociation: «l'Afrique doit être partie prenante à la solution et règlement de ces questions. Ils argueront aussi des questions liées aux changements climatiques», a déclaré Abdelkader Messahel, soulignant que «l'Afrique n'est pas un continent qui pollue, mais qui en subit les conséquences». Les autres questions de paix et de sécurité figurent aussi dans le menu de cette rencontre qui abordera aussi les questions des payements des rançons aux pirates et de la lutte contre le phénomène du terrorisme. «Les questions de paix et de sécurité seront examinées sous l'angle de la lutte contre le phénomène du terrorisme et ses connexions telle que la drogue qui est devenue une grande préoccupation du continent», a-t-il relevé, affirmant que «l'Afrique s'organise, mais s'organise aussi avec ses partenaires pour faire face à ces phénomènes qui ont de graves conséquences sur le devenir des Etats africains». Un nouvel organigramme pour l'UA Concernant la 13e édition du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africain (UA) qui s'est tenue à Syrte (Libye) du 1er au 3 juillet, M. Messahel a indiqué que les travaux ont été marqués par la transformation de la commission de l'UA en Autorité de l'UA, un organe exécutif composé de 10 membres (un président, un vice-président et 8 secrétaires) et qui aura pour mission de mettre en œuvre les décisions prises chaque année par le sommet des chefs d'Etat. Par ailleurs, le ministre délégué a qualifié «d'extrêmement importante» la décision prise par le sommet de l'UA de Syrte «de ne pas appliquer» les décisions de la Cour pénale internationale (CPI) concernant le mandat d'arrêt du président soudanais, Omar Hassan El Bechir. «C'est une décision historique dans un monde marqué par la globalisation. Il y a de plus en plus un recours abusif de ce qu'on appelle la notion de compétence universelle où il y a deux poids deux mesures», a-t-il dit, estimant que, dans ce cas, «la CPI a fait beaucoup plus de politique qu'autre chose». Evoquant la situation en Somalie, il a souligné l'importance d'accompagner ce pays, qui vit depuis plus de 25 ans sans Etat. «Il y a nécessité, aujourd'hui, d'accompagner le gouvernement somalien issu d'un consensus national, dans la mise en place des structures d'un Etat», a-t-il dit, indiquant que la Somalie est une «source de préoccupation» pour les pays de la région car, a-t-il ajouté, «il y a des activités de groupes identifiés comme étant des groupes terroristes». Le ministre a rappelé que l'UA a déployé, dans ce pays, une force africaine et l'Algérie apporte sa contribution par le transport de troupes et l'assistance technique à cette force, soulignant qu'un hommage a été rendu, plusieurs fois à la conférence des chefs d'Etat, au rôle que joue l'Algérie dans l'accompagnement de cette force africaine. Pour une sortie de crise en Mauritanie A propos de la Mauritanie, il a indiqué que l'Algérie a pris l'initiative de réunir le Conseil de paix et de sécurité (CPS) pour examiner la levée des sanctions contre ce pays après le coup d'Etat du 6 août dernier. «Aujourd'hui, après l'accord de Nouakchott qui a permis, notamment, à tous les Mauritaniens de sortir de la crise et s'engager dans le processus électoral, le CPS de l'UA a pensé qu'il y a retour à l'ordre constitutionnel conformément aux résolutions d'Alger et de Lomé et à la loi mauritanienne et, de ce fait, a entraîné le retour de ce pays au sein de la famille africaine», a-t-il rappelé. A propos du développement de l'agriculture en Afrique, thème central du sommet de l'UA, il a indiqué que les mesures prises par le sommet augurent d'une «meilleure coordination» et une prise en charge par les pays africains de leurs problèmes pour essayer d'améliorer la vie dans le monde rural. «La stratégie africaine en matière d'agriculture est d'assurer, dans les prochaines années, la sécurité alimentaire totale du continent par des mesures très pratiques qui ont été décidées au sommet de Syrte», a-t-il encore rappelé. Sur la tenue du Festival culturel panafricain (Panaf 2009) du 5 au 20 juillet à Alger, M. Messahel a indiqué que cette manifestation, placée sous le thème de la résistance à la renaissance, est une «reconnaissance» au travail et à l'engagement de l'Algérie durant cette dernière décennie dans le renouveau africain à travers le Nepad et ses prises de positions dans le concert des nations. «L'Afrique veut opposer au concept de globalisation, l'universalisme où chacun apporte sa contribution et son identité», a-t-il dit, estimant que le Panaf sera un «temps fort» pour faire en sorte que cette notion d'universalisme «soit réellement celle que nous souhaitons et que souhaitent beaucoup de pays africains pour que l'Afrique ait sa place dans le concert des nations et dans la gouvernance mondiale».