L'épidémie de grippe porcine a continué à gagner du terrain dimanche et touche désormais 19 pays, mais les autorités mexicaines se sont montrées rassurantes sur sa gravité, évoquant une apparente «stabilisation». Le ministre colombien de la Protection sociale Diego Palacio a annoncé dimanche la découverte du virus de la grippe porcine A (H1N1) chez un Colombien habitant non loin de Bogota, rapportant aussi l'identification de 108 cas suspects. Selon le ministre le malade concerné avait voyagé récemment au Mexique et s'était rendu dans un hôpital où il avait fait l'objet d'un suivi. Les autorités mexicaines, à l'épicentre de l'épidémie, ont annoncé que le virus avait fait 19 morts, sur 473 cas confirmés, mais se sont montrées optimistes quant à la gravité de la maladie. «Chaque jour nous observons une diminution des cas graves et de fait, la mortalité a diminué», a annoncé samedi le ministre de la Santé, José Angel Cordova. Autre motif d'espoir, le dernier décès remonte au 28 avril. L'épidémie paraît en «phase de stabilisation», a-t-il relevé, tout en jugeant qu'il était «trop tôt» pour dire si le pays avait surmonté le pire de la crise. Les autorités mexicaines avaient fait état il y a quelques jours de 159 décès «probablement» dus à la grippe porcine, mais des tests plus rigoureux effectués dans des laboratoires américains et canadiens ont exclu la plupart des cas. Prudente, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a indiqué samedi «ne pas savoir à quel point la pandémie peut être grave ou bénigne», estimant que l'évolution de la situation des «prochains jours en Europe» serait déterminante. «Nous n'avons pas encore constaté une transmission soutenue» en dehors du continent américain, a observé le Dr Michael Ryan, directeur du Réseau mondial d'alerte et d'action en cas d'épidémie (GOARN) de l'OMS. Aux Etats-Unis, le bilan a été relevé à 160 cas confirmés, la plupart bénins. La grippe a fait un mort dans ce pays, un bébé mexicain. Plus d'un millier de personnes ont probablement été infectées à New York - dont 63 cas confirmés par des tests. 85 cas ont été signalés jusqu'à présent au Canada. La maladie a été détectée également en Europe (Allemagne, Autriche, Danemark, Espagne, France, Irlande, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suisse), au Moyen-Orient (Israël), en Asie (Hong Kong, Corée du Sud), au Costa Rica et en Nouvelle-Zélande. Dimanche, un deuxième cas a été annoncé en Italie et deux autres en Allemagne, portant à huit le nombre de malades dans ce pays. Le crainte de la propagation du virus baptisé A/H1N1 a conduit certains gouvernements à prendre des mesures drastiques, jugées parfois excessives. Heurts en Egypte Alors que le gouvernement égyptien a ordonné mercredi l'abattage de quelque 250.000 cochons élevés dans le pays, de violents affrontements ont éclaté dimanche au Caire entre des éleveurs de porcs et des policiers venus prendre leurs animaux. La mesure avait été critiquée car aucun cas de grippe porcine ne s'est déclaré en Egypte et l'OMS n'a recensé aucun cas de contamination d'un porc à l'homme. Alors que le virus a contaminé pour la première fois des porcs au Canada, le Mexique, les Etats-Unis et le Canada, tout comme de grandes organisations internationales, ont mis en garde contre les restrictions aux importations de porcs. Le virus H1N1 a été détecté au sein d'un troupeau de porcs de l'Alberta (ouest du Canada). Selon les autorités, les porcs ont probablement été exposés au virus par un agriculteur s'étant rendu récemment au Mexique. L'homme est guéri et tous les porcs sont également guéris ou en voie de l'être. L'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) a affirmé que la sécurité alimentaire n'était pas affectée. Cette annonce pourrait pourtant avoir des répercussions sur le commerce alors qu'une quinzaine de pays, dont la Chine et la Russie, des marchés considérables, ont interdit ou restreint l'importation de porcs ou de leurs produits dérivés provenant des Etats-Unis, du Canada et du Mexique. Ces trois pays ont appelé samedi «à ne pas se servir de l'apparition de la grippe porcine pour limiter inutilement le commerce». La Chine a également pris des mesures draconiennes après la détection du virus à Hong Kong, ordonnant le placement en quarantaine d'au moins 41 Mexicains, ce qui a suscité les protestations du Mexique. En représailles, le Mexique recommande à ses ressortissants de «ne pas voyager en Chine». Les autorités ont également imposé aux clients et membres du personnel de l'hôtel Metropark de Hong Kong -300 personnes au total-, de rester en quarantaine dans l'établissement pour sept jours car un Mexicain porteur de la grippe porcine y avait séjournée quelques heures.