Montréal, Abdelkader Djebbar Ramadhan s'installe tranquillement mais sûrement à Montréal, mais certes, dans une toute autre ambiance que celle des rues et foyers algériens. C'est surtout dans les magasins et cafés maghrébins que l'on ressent le plus ce climat avec des achalandages plutôt particuliers avec tout ce que cela suppose comme agencement des produits prisés en ce mois sacré du jeun. Dans les magasins d'alimentation maghrébins, c'est surtout la datte qui est la plus choyée, qu'elle soit tunisienne ou algérienne. La Deglet Nour de Biskra trône à tous les étalages à un prix qui, parfois, défie la chronique par rapport au reste de l'année. Les prix vont parfois du simple au double dans les petits magasins. Spéculation? Habitude importée? Bien des questions restent posées bien que le prix moyen d'une petite barquette s'élève à quelque quatre dollars variables d'un coin à un autre, d'une nationalité d'origine à une autre. Quant aux gâteaux au miel, tel que z'labia ou encore chamia ainsi que la baklawa, les spécialistes restent incontestablement les Libanais talonnés par les Algériens dont les commerces en boulangerie et pâtisserie apparaissent comme des champignons dans diverses quartiers de la métropole. Du «Tassili» à «L'Algéroise» en passant par «Le Marché méditerranéen», les prix affichés sont sensiblement de même niveau et la qualité de haute facture. Car, les contrôles alimentaires sont monnaie courante et les conséquences d'une hygiène qui laisse à désirer risquent d'être fatales… jusqu'à la fermeture du commerce. Mais dans l'ensemble, les prix restent abordables bien que sensiblement majorés dans certains établissement. Et puis Ramadhan, ce n'est qu'une fois dans l'année. L'aubaine pour les spéculateurs. ***** Une idée des prix ***** Un kilogramme de viande agneau est affiché à 8 dollars, soit moins d'une heure au salaire minimum qui est de 9 dollars. Les merguezes légèrement plus cher. Un poulet rôti hallal, 7 dollars. La baguette de pain, moins d'un dollar. La Deglet Nour à 3 dollars la petite barquette. La caisse de 24 petites bouteilles d'eau minérale à moins de 3 dollars. Les dix livres (un peu moins de 5 kilogrammes) de pommes de terre à moins de 4 dollars. Les fruits de saison entre 3 dollars et 5 dollars le kilogramme. «Hallal» est sur toutes les viandes. Donc, l'abattage a eu lieu selon le rite musulman. «Hallal» apparaît également sur les viandes transformées avec, bien en vue, le nom de l'établissement producteur ainsi que la liste des ingrédients. À Montréal, il n'y a pas que les épiceries tenues par des musulmans qui affichent «la bienvenue» au mois sacré du Ramadhan. L'une des plus grandes chaînes d'alimentation nord-américaines a travaillé sur la question des semaines entières avant le jour J. Des pamphlets publicitaires ont bourré les publi-sacs distribués tous azimut une fois par semaine. L'accent est mis surtout sur le caractère religieux de la marchandise, particulièrement les viandes. Jamais le logo «Hallal» n'a été aussi en évidence que les quelques jours qui ont précédé Ramadhan. Mais le charme de l'arrivée du Ramadhan reste incontestablement particulière dans négoces tenus par des musulmans qui, ces derniers temps, semblent avoir mis le paquet double comme pour se retremper dans l'ambiance d'outre-Méditerranée. Cela est visible à l'œil nu dans les restaurants, qu'ils soient grands ou petits de nom. Qu'ils soient semi-fast food ou au menu et à la carte incluant inévitablement le bol de h'rira et bouclé par une pâtisserie au miel bien de chez nous. C'est valable au «Coin berbère» ou encore à «La Gazelle» sans oublier les fameuses poissonneries ouvertes un peu partout à travers les nombreux quartiers de Montréal. Si la religion dans les milieux musulmans semble respectée, la tradition est, par contre, un peu bousculée. Les longues veillées de Ramadhan n'existent pratiquement que les soirs du vendredi et ou du samedi puisqu'il n'y a aucun aménagement horaire pour le travail. Une journée normale de bureau commence à 9h et s'achève à 17h. Donc, les retrouvailles se font plutôt en fin de semaine avec généralement des programmes assez variés mis au point soit par des associations qui ne viennent que l'espace du mois du Ramadhan, soit des particuliers qui font appel à des chansonniers et chanteurs pour agrémenter des veillées arrosées de thé, café et autres boissons gazeuses «hallal»… Saha Ramadhan…