Des équipements ophtalmologiques de pointe, acquis il y a 5 ans de cela pour une valeur globale de 3 milliards de Dinars, «demeurent emballés dans des cartons au niveau de Centres hospitalo-universitaires (CHU) du pays et n'ont jamais été utilisés», a révélé samedi le ministre de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière, M. Djamel Ould Abbès. Le ministre a fait cette révélation en marge d'une visite de travail et d'inspection au CHU de Tizi-Ouzou, où le président de la commission de la santé de l'APW de cette wilaya lui a fait part de l'existence au sein de cet établissement sanitaire d'un «stock de 100 millions de DA d'équipements d'ophtalmologie qui n'ont jamais quitté leurs cartons». Pour la réparation de ce préjudice commis aux dépens de la santé publique, M. Ould Abbès a fait savoir qu'»une opération est en cours pour la récupération de matériel médical inexploité, en vue de le mettre à la disposition des CHU qui en sont dépourvus, pour son utilisation». Il a précisé que ces équipements ont été acquis chez un même fournisseur étranger. En matière de formation de médecins spécialistes, doléance récurrente exprimée au niveau national par des établissements publics de santé, le ministre a signalé l'initiation d'une convention avec son homologue de l'Enseignement supérieur, pour la formation de quelque 2666 spécialistes (toutes disciplines confondues), en accordant la priorité pour certaines spécialités accusant un déficit en matière de prise en charge, telles que la gynécologie et l'oncologie. Interrogé sur la «pénurie» du médicament, M.Ould Abbès a estimé que le «problème du marché national du médicament est beaucoup plus d'ordre organisationnel qu'une question de disponibilité». «Il y a un dysfonctionnement dans l'organisation de la distribution du médicament», a t-il souligné, avant de relever, pour expliciter son constat, que «l'Algérie compte actuellement quelque 570 distributeurs du médicament, dont des importateurs et des grossistes». C'est dire la nécessité, a-t-il conclu, «d'assainir le marché du médicament pour le débarrasser des prébendiers versés dans le trafic», sachant, a-t-il fait valoir à titre indicatif, que la Tunisie et le Maroc ne disposent que de 30 à 40 distributeurs de médicaments. Au sujet de ce chapitre sensible de la distribution du médicament, le ministre a également insisté sur la «nécessaire solidarité devant prévaloir entre les hôpitaux du pays en matière de circulation des médicaments», or, a-t-il déploré, «des hôpitaux préfèrent stocker des médicaments et attendre qu'ils soient périmés pour les restituer à la pharmacie centrale, plutôt que d'en faire bénéficier un autre hôpital confronté à un besoin crucial». A titre d'exemple de cette démarche néfaste, il a fait part de la restitution de 75000 doses d'adrénaline périmées par l'hôpital Parnet d'Alger pour la PCH, alors que des structures de santé, au niveau national, en sont dépourvues, a-t-il dit. Lors de sa visite au CHU de Tizi-Ouzou, le ministre s'est rendu au Centre d'imagerie médicale où il procédé à la mise en service d'un équipement de l'Imagerie à résonance magnétique (IRM), acquis pour un coût de 140 millions de DA. M. Ould Abbes a insisté sur la nécessité d'assurer une maintenance régulière de cet équipement, destinée à mener des diagnostics très poussés, en complément de ceux effectués à l'aide de radios conventionnelles et du scanner. Répondant à la demande du centre évoqué, le ministre a donné son accord pour l'acquisition d'un troisième scanner au profit du CHU, en plus de la possibilité de recourir à des radiologues des structures périphériques pour assurer une exploitation optimale des équipements d'imagerie médicale dont dispose cet établissement sanitaire.