En perspective de l'entrée en vigueur à partir du 1er octobre 2009 de la décision du Conseil interministériel du 28 juin dernier d'orienter le trafic des marchandises non conteneurisées (ronds à béton, bois, produits alimentaires, autres marchandises diverses...), sur d'autres ports nationaux que celui d'Alger ainsi que le trafic car-carries (navire destiné uniquement au transport de véhicules légers) sur les trois ports de Ghazaouet, Djen Djen et Mostaganem, l'entreprise portuaire de Ghazaouet déballe ses atouts pour séduire concessionnaires et opérateurs portuaires. La Société de Gestion des Participations des Ports (SOGEPORTS) mène, depuis le début de cette semaine, une campagne publicitaire pour faire la promotion du port de Ghazaouet. Dans un placard publicitaire paru hier, dans les journaux, la SOGEPORTS appelle les armateurs, les agents de transports, les concessionnaires et les autres opérateurs portuaires à orienter leurs activités vers l'établissement portuaire de Ghazaouet. «Pour les besoins de vos opérations de transit des véhicules, le port de Ghazaouet met à votre disposition un ensemble de moyens intra-structurels : un quai spécialisé de 142 mètres linéaires, un tirant d'eau de 7,20 m, une RAMPE RO/Ro, une aire de transit attenante au quai d'une superficie de 7.800 m2 et une plateforme extra-portuaire située à 2,5 km du port d'une surface de 20.000 m2 dont 6.000 m2 couvertes», lit-on dans cette annonce. La SOGEPORTS va plus loin pour convaincre les sceptiques en promettant des facilitations en matière de contractualisation de la relation et des négociations des tarifs. Le port de Ghazaouet dispose de 4 bassins sur un plan d'eau de 25 hectares, de 10 quais totalisant 1.722 mètres linéaires et de tirants d'eau allant de 7,2 à 9 mètres. Il est doté de pôles spécialisés en traitement de vrac liquide, d'auto-passagers et de navires RO/RO, de cargos, de conteneurs et de vrac solide. Le terre-plein est de 23 hectares, la surface couverte de 4.000 m2, comprenant la gare maritime (3.040 m2) et le hangar à marchandises (960 m2). Le trafic marchandise dans ce port est en progression constante. Durant le premier semestre 2009, il a enregistré un volume de trafic de l'ordre de 636.590 tonnes contre 496.225 la même période de l'année 2008, soit une croissance de 28,29%. Le nombre de navires traités durant cette période s'élève à 152 contre 142 l'année précédente, soit +7,04%, malgré la baisse du trafic car-ferries de l'ordre de 44%. En ce qui concerne le trafic conteneur, on note 3.756 conteneurs contre 1.457 à fin juin 2008, soit +157,79%. Pour les perspectives, l'entreprise portuaire a fait l'acquisition de deux terrains d'une superficie de 2,2 et 3,8 hectares pour l'implantation des plates-formes logistiques en zone extra-portuaire. Cependant, les performances de cet établissement portuaire ne semblent guère convaincre les opérateurs portuaires, en particulier les concessionnaires qui restent dubitatifs. Ils soutiennent, d'ores et déjà, que ni le port de Ghazaouet ni celui de Mostaganem et encore moins celui de Djen Djen ne peuvent accueillir les car-carries. Pour étayer leurs propos, ils citent une récente étude sous le n°187/2009 du Laboratoire d'études maritimes sur le transfert du trafic véhicules vers les trois ports de Djen Djen, Mostaganem et Ghazaouet. Prenant le cas du port de Ghazaouet, l'étude révèle que ce port est assez réduit pour recevoir des car-carries de 200 m alors que la passe d'entrée ne fait que 170 m. Les navires car-carries de 200 m et d'un tirant d'eau de 8,50 m à 9 m ne peuvent accoster au port de Ghazaouet pour des raisons caractéristiques nautiques du port sachant que le plus fort tirant d'eau est limité à 7,20 m. Selon les concessionnaires, le transfert de leurs activités vers le port de Ghazaouet présente de nombreux inconvénients, notamment en matière de logistique. Après avoir investi beaucoup d'argent dans la location des locaux et autres espaces à Alger et sa périphérie, les concessionnaires doivent, aujourd'hui, tout abandonner pour reconstruire dans ces trois ports. Une tâche qui s'annonce ardue, vu que d'un côté les infrastructures de ces trois établissements portuaires ne sont pas adaptées pour le stockage des véhicules et de l'autre les gestionnaires de ces ports ne sont pas encore habitués à cette activité, et il leur faut du temps aussi comme à tous les services qui interviennent dans les prestations portuaires.