En termes d'efficacité, le week-end semi universel, adopté par l'Algérie depuis le 14 août dernier, a permis aux entreprises ayant des relations avec les autres pays de gagner 30%, un chiffre obtenu sur la base des 3 jours qu'elles avaient auparavant dans leurs contacts avec le monde extérieur. Le manque à gagner, évalué il y a plusieurs années par la société financière internationale, une filiale de la Banque mondiale, était de l'ordre de près de 750 millions de dinars, un montant qui devait prendre d'épaisseur en raison des effets de la crise financière mondiale entre 2007 et 2008. C'est ce qu'avancent plusieurs gestionnaires de ces entreprises qui, même si sur le plan financier, soulignent qu'il est prématuré d'évaluer les bénéfices engrangés, il n'en demeure pas moins, qu'abstraction faite des résultats financiers, la charge de travail imposée précédemment au personnel a été légèrement allégée, d'où plus d'application dans le travail donnant des résultats plus fiables. C'est l'exemple d'une entreprise internationale spécialisée dans les hydrocarbures et qui intervient dans l'activité amont, à savoir la recherche et l'exploration des gisements. Quelques témoignages Un cadre affirme que l'apport de son entreprise en matière d'audit exige une relation permanente avec la tutelle basée dans un pays étranger, chargée elle aussi de suivre à distance tout ce qui est entrepris aux alentours des gisements de pétrole. Du coup, une journée de plus permet un suivi plus grand qui peut se perpétuer directement sur la masse du travail accompli. En revanche, et faisant un distinguo avec des représentations basées dans les pays dont le week-end est universel, un déficit de 20% reste à combler. Dans le cas où ceci allait être possible, les résultats aussi bien techniques ne seront que meilleurs et pouvant avoir un impact positif d'un côté sur la productivité et de l'autre sur la gestion des ressources humaines qui sera plus facile, étant donné que le personnel ne sera pas sous pression. Mais c'est incontestablement au niveau du secteur banquier que le changement est plus perceptible. Dans ce contexte, si dans le secteur public où on ne s'est pas encore libéré des réflexes de l'administration de l'argent, même si les banques publiques sont soumises à des règles de commerciales universellement reconnues, pour les banques privées, chaque jour de perdu pèse lourd en matière de transactions financières, comme c'est le cas du transfert d'argent par le biais de Western Union. A ce sujet, un manager d'une banque française installée en Algérie, estime qu'une journée de perdue équivaut à plusieurs milliers d'euros en termes d'agios et de commissions. Notre interlocuteur estime que cette journée peut leur ramener plus de 5% en termes de chiffres d'affaires, partant du principe que le déficit accusé en la matière était de l'ordre de 10%. Anticipant sur l'avenir, notre source estime qu'un retour au week-end universel, une éventualité à ne pas enterrer, les banques gagneraient plus et le personnel n'aura pas une charge de travail contraignante. Ce glissement de 24 heures a, avant d'être officialisé, été pratiqué par plusieurs entreprises, comme c'est le cas d'Arcelor-Mittal, Rouiba, Michelin Algérie qui se sont mises au diapason des établissements bancaires. Un représentant du géant mondial du pneumatique nous confie que la mesure arrachée par le patronat concernant la liberté des gestionnaires de faire des changements dans le week-end a permis de vendre 15% de plus qu'auparavant, étant donné que le jeudi, un jour de repos que les automobilistes consacrent à l'entretien de leurs véhicules, a été une aubaine pour l'entreprise du fait que même les livraisons s'effectuaient le jour même aux revendeurs qui, de leur côté, alimentaient ceux qui investissaient les marchés hebdomadaires du vendredi matin. Les prévisions des économistes
«En termes financiers, un gain de plus de 10% a été observé et ce taux est appelé à augmenter au fur et à mesure que le marché se stabilise, étant donné que l'entrée en vigueur du passage au week-end semi universel est relativement récente et ne peut avoir un grand effet sur les habitudes des citoyens, vu que l'ancien repos hebdomadaire remonte à… 33 ans», devait nous apprendre notre source. Cet avis est totalement partagé par un représentant du producteur de jus de fruits «Rouiba» qui ajoute que cela lui a permis de placer sa gamme de produits dans certains pays africains et les transactions bancaires se faisaient plus facilement avec leurs clients. Plusieurs économistes estiment qu'en matière de croissance, et se référant aux observations contenues dans un rapport établi par la société financière internationale (SFI), une filiale de la Banque mondiale chargée du secteur privé qui relève que sur le plan de la croissance économique, le retour au week-end universel pouvait faire au pays entre un point et un point et demi. Le PIB, l'investissement et l'emploi relancés La poire étant coupée en deux, les résultats en termes de croissance ne peuvent être perceptibles qu'au bout d'une année et seraient de l'ordre de 0,75%. En plus clair, ce plus dans la croissance, estiment les économistes, peut se répercuter positivement sur le PIB algérien, certes tributaire des cours du pétrole et avoinant les 50 milliards de dollars. Explications : l'augmentation des chiffres d'affaires des entreprises, notamment étrangères ou en partenariat, équivaut à des recettes fiscales plus importantes. A moyen terme, l'adoption du nouveau week-end qui a été un signal fort en direction des opérateurs étrangers, peut booster les investissements pour peu que des mesures d'accompagnement, notamment de financement et d'accès au foncier industriel, soient prises. L'autre satisfaction provient des Chambres de commerce et d'industrie qui ont contracté des accords avec leurs consœurs du vieux continent. Des membres affirment que l'avis des potentiels investisseurs a beaucoup évolué depuis l'annonce du week-end semi universel et la destination Algérie devient de plus en plus attractive en dépit des mesures annoncées par le gouvernement d'Ouyahia de redynamiser le secteur productif national. Les nouvelles opportunités se situeraient dans les prestations de services et la sous-traitance, deux segments encore embryonnaires en raison de la prédominance de la grosse industrie inhérente au choix industriel des années 70. Tous les opérateurs approchés n'omettent pas de relever la portée sociale de cette mesure et avancent que les bénéfices engrangés peuvent être réinjectés dans d'autres projets. C'est l'exemple des banques étrangères qui comptent saisir cette opportunité pour réactiver leur projet de renforcement de leurs réseaux commerciaux respectifs avec des programmes de formation au niveau local au profit des nouveaux diplômés nationaux. Cette éventualité, même si elle n'est pas définitivement écartée à long terme étant donné qu'elle relève de plusieurs données internes et même externes à l'Algérie, demeure aléatoire même à moyen terme. C'est ce que pense la majorité des opérateurs économiques interrogés qui préfèrent temporiser pour se prononcer même si la question demeurera entière du fait que même le discours officiel prône une ouverture plus qualitative au monde extérieur.