Depuis que les Algériens se sont mis à l'heure de l'économie de marché, beaucoup de changements ont été opérés. Dernière petite révolution : le passage au week-end semi-universel. En effet, à partir de 14 août prochain, les Algériens vont voir leur week-end hebdomadaire changer. Ils se reposeront, en effet, le vendredi et le samedi. Le communiqué du Conseil des ministres, réuni le 21 juillet dernier, a justifié cette décision par le fait qu'«outre les secteurs d'activité en contact direct avec la population [banques, communes, postes], de plus en plus d'entreprises économiques privées ou mixtes organisent le repos hebdomadaire de leurs personnels pendant les journées du vendredi et du samedi». De ce fait, ce qui a été perçu comme un secret de Polichinelle est officiellement instauré par les pouvoirs publics. En effet, plusieurs entreprises privées, dont la majorité activant dans la distribution de produits importés, appliquent le week-end universel. Car, les maisons mères imposent naturellement leurs rythmes hebdomadaires, soit les samedis et dimanches. Mais, afin de ménager la chèvre et le chou, le chef de l'Etat a ainsi opté pour un week-end semi universel (vendredi-samedi). Car il permettra, d'un côté, aux fidèles d'accomplir la prière du vendredi, et de l'autre côté, de nous mettre dans le même rythme de travail que les étrangers, ainsi que nos banques. La satisfaction des opérateurs économiques 24 heures seulement après l'annonce très attendue du gouvernement d'instaurer le samedi comme une journée de repos, à la place du jeudi, plusieurs organisations patronales ont manifesté leur satisfaction. En effet, la décision prise par le gouvernement de passer au week-end semi-universel a été saluée à l'unanimité par les opérateurs économiques algériens. La plus importante organisation patronale, en l'occurrence le Forum des chefs d'entreprise (FCE) a qualifié ce changement d'«exigence économique incontournable». Pour l'organisation que dirige Hamiani, le repos hebdomadaire appliqué actuellement est à l'origine de nombreux dysfonctionnements constatés dans les échanges économiques et commerciaux de l'Algérie avec l'étranger. Pour la même source, le week-end jeudi-vendredi instauré en 1976, lorsque l'Algérie vivait sous un régime socialiste panarabe, fait perdre à notre économie environ un milliard de dollars par an. «La majorité des échanges commerciaux de l'Algérie se font avec les pays de l'Union européenne [70%], les Etats-Unis et le Japon, qui, eux, appliquent le week-end universel», a expliqué M. Hamiani. Ce dernier ajoutera que le changement de week-end a déjà été adopté dans certains secteurs tels que celui des banques et des assurances dont les sociétés se sont retrouvées dans l'obligation d'opérer un décalage pour tenter de réduire les pertes et s'adapter au rythme du client ou du fournisseur extérieur. Lui emboîtant le pas, la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA) a également fait savoir que la décision d'organiser le repos hebdomadaire pendant les journées du vendredi et du samedi est arrivée à point nommé. Même les autres secteurs et institutions se sont inscrits dans le même registre. Le directeur général du port d'Alger M. Abdelhak, a estimé que le changement de week-end permettra à son entreprise d'«être en adéquation avec les institutions financières du pays, notamment les banques qui ont déjà organisé le repos hebdomadaire de leurs personnels pendant les journées de vendredi et samedi». Pour ce gestionnaire, «ce changement est une bonne chose : c'est, en quelque sorte, une journée de plus de gagnée». En termes de transactions, le secteur bancaire ne serait plus en «décalage» avec les autres institutions. Donc, instaurer un congé hebdomadaire semi-universel fera gagner deux jours aux banques opérant en Algérie. «L'instauration d'un week-end semi-universel en Algérie aura un énorme impact positif sur l'économie algérienne», nous a fait savoir un haut responsable de banque, pour lequel, dans ce cas de figure, les banques algériennes vont bénéficier de deux jours par semaine. «Les banques ferment les vendredis et samedis et les autres établissements les jeudis et vendredis, et samedi-dimanche pour les étrangers. Donc on ne travaille avec l'étranger que les lundis, mardis et mercredis», explique notre source. En clair, les banques algériennes, les institutions étatiques (ministères, wilaya…) et les établissements ayant des transactions avec les banques, seraient «en adéquation» avec les banques. Soit un jour de «décalage» seulement. Dans ce sillage, ce haut cadre de banque estime que, compte tenu du volume d'échanges commerciaux de l'Algérie avec les Occidentaux (80% seulement avec les Européens), l'instauration d'un tel week-end est plus qu'une nécessité. Une avancée, mais… en retard Si les entreprises et les organisations patronales se sont empressées de féliciter la décision de Bouteflika de changer le week-end de repos hebdomadaire, instauré depuis 1976, il n'en demeure pas moins que ladite décision est venue en retard aux yeux des économistes. Ces derniers reprochent ainsi au gouvernement d'avoir trop longtemps hésité avant de prendre une décision, au demeurant pragmatique et judicieuse pour notre économie. «La décision de changer le week-end est, certes, en retard, mais reste toujours bonne pour notre économie. Sachez que plusieurs experts la revendiquaient depuis bien des années, mais il vaut mieux tard que jamais», nous a affirmé Abdelhak Lamiri, PHD en économie de gestion et expert international. Pour cet économiste, les pouvoirs publics doivent également prendre des décisions dans ce sens, afin de développer notre économie. En effet, la même source a suggéré la création des PME, sur lesquelles peut se reposer notre économie. «Le gouvernement doit apporter d'autres correctifs s'il veut instaurer un climat d'affaires favorable aux investissements. Les pays développés créent en moyenne 350 PME par 100 000 habitants, alors qu'en Algérie cela ne dépasse guère 70 entreprises» analyse M. Lamiri. Par ailleurs, la même source a affirmé que le changement serait marqué par une période de transition, afin que notre économie s'adapte avec le nouveau week-end. «Avant que tout le monde s'adapte réellement au nouveau week-end, il doit y avoir une période de transition allant jusqu'à deux mois. Après, tout sera rentré dans l'ordre», explique-t-il. S. B.