Les populations de la région d'Ain Abid (Constantine), ont donné, durant les récentes intempéries, son sens le plus noble à la solidarité citoyenne, a-t-on constaté à un moment où le mercure oscillait entre 0° et -2°. Les citoyens de ce chef-lieu de daïra distant à peine 45 km de Constantine ont improvisé un mode d'intervention «tout terrain» pour venir en aide aux habitants des hameaux les plus éloignés de cette commune, mis à rude épreuve pendant toute la période des intempéries qui affectent Constantine et sa région. Le dispositif d'intervention destiné à venir en aide aux populations de ces zones éloignées a donné lieu à la collecte puis à la distribution de colis contenant des denrées alimentaires. Une action mise en œuvre par les autorités locales (daïra et commune), avec la collaboration du Croissant-rouge algérien (CRA) et, surtout, des habitants qui n'ont pas hésité à fournir des dons de toute nature, quelquefois en se privant, au profit des populations enclavées. La solidarité a fonctionné dans tous les sens dans cette région, jadis, considérée comme l'un des bastions forts de l'Armée de libération nationale (ALN), a-t-on constaté sur les monts enneigés où les aides ont franchi tous les obstacles pour atteindre des familles restées coupées du monde extérieur durant de longues journées du fait de la poudreuse qui a encerclé leurs humbles demeures. Située à 900 m d'attitude, la région d'Ain Abid, en dépit des efforts déployés pour sa mise à niveau, continue de constituer un «condensé de souffrances» qui revient à la charge à chaque fois que le mauvais temps est de retour. Une situation difficile qui suscite chez les habitants de cette région moins de plaintes ou d'apitoiement qu'elle ne consolide un admirable esprit de solidarité et d'entraide. Le chef de sûreté de daïra, qui supervisait une opération de remise de vivres collectées par le corps de la police le reconnaît en admettant que les citoyens d'Ain Abid, quelle que soit l'aide qui leur est apportée par les pouvoirs publics dans les moments difficiles, ont toujours fait preuve d'un esprit solidaire et d'une cohésion. Ce responsable reçoit l'approbation du chef de daïra, qui atteste à son tour qu'ici, les gens se singularisent par un sens du partage qui peut être observé lors des calamités, mais aussi à l'occasion des réjouissances comme les fêtes de l'Aïd, par exemple. Le dénuement et la misère des couches vulnérables de cette région à vocation agricole, «sont surtout ressentis lors des intempéries», estime quant à lui un volontaire du CRA qui mène depuis six jours, avec 25 de ses camarades, une opération d'acheminement de vivres vers les zones éloignées. Cette mission effectuée sous des températures polaires, et qui reprend chaque jour jusqu'à des heures tardives de la nuit, a pu toucher jusqu'à présent au moins une cinquantaine de familles vivant dans des localités déshéritées et éloignées, telles que Bordj M'Hiris, Douar Diaba, Benghraoui, Kehalcha Kebar et Lahouamed, selon ce bénévole. Les équipes du CRA parfois interpellées par certains habitants démunis du centre d'Ain Abid, se voient quelquefois contraintes de faire des «ponctions» sur les ravitaillements destinés aux habitants des hameaux éloignés pour satisfaire des demandes de familles résidant juste à côté du siège de l'Assemblée populaire communale (APC). «Les denrées alimentaires de base que nous avons pu collecter sont destinées aux familles qui ne peuvent rejoindre le centre ville», explique M. Djaâbour avant d'ajouter que la catégorie des nécessiteux «relève d'un autre dossier». Il a dû, malgré tout, acheminer avec ses camarades «en toute discrétion» un colis de produits alimentaires vers une famille du village qui vit dans le besoin le plus absolu. L'hiver pour les familles démunies d'Ain Abid est synonyme de mésaventures, selon M. Madjid Albane, un «citadin» de la région rencontré avec une vingtaine de personnes, attendant vers 13 h, sur la route de Guelma, le passage du camion de Naftal pour acquérir une bonbonne de gaz butane. Madjid qui assure se trouver là depuis 5 h du matin, n'aura pas patienté pour rien, par un froid glacial. Le véhicule transportant la «précieuse» cargaison fait son apparition à l'amorce d'un virage et, déjà, le convoyeur assis à côté du conducteur fait de grandes signes des deux mains pour faire comprendre qu'il y en aura pour tout le monde.