La nationalisation des hydrocarbures en 1971 est venue conforter la souveraineté de l'Algérie, marquant la volonté des Algériens de récupérer leurs richesses naturelles et d'assurer pleinement le contrôle de leur exploitation, a affirmé mercredi M. Lounis Ammar, ancien membre de la Fédération nationale des travailleurs du pétrole, du gaz et de la chimie. Au delà de son caractère poli« tique, cette décision historique est venue boucler un long processus de préparation entamé pour la récupération des richesses naturelles à travers notamment la nationalisation des mines en 1966», a-t-il indiqué à l'APS à la veille du double anniversaire de nationalisation des hydrocarbures et de la création de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA). Cette mesure annoncée le 24 février 1971 avait été précédée d'autres de même nature telles que l'acquisition du réseau de distribution ou le transfert des intérêts détenus par les sociétés étrangères activant en Algérie, a fait savoir ce syndicaliste. «Si cette décision fut une surprise pour certains et a déclenché des réactions véhémentes chez certaines parties attachées à la préservation de leur intérêts, elle a été mûrement réfléchie et préparée par les décideurs algériens», a-t-il souligné. L'Etat algérien était déterminé à retrouver sa pleine souveraineté nationale, faisant de la nationalisation des hydrocarbures une priorité, a-t-il encore ajouté. Racontant comment il s'est retrouvé à la Maison du peuple ce 24 février 1971 lorsque feu Houari Boumediene annonça la nationalisation des hydrocarbures, M. Lounis dit se souvenir de la réaction du personnel étranger qui travaillait sur les champs pétroliers. «Ils ont immédiatement quitté les sites de production, croyant que les torches ne brûleront plus après leur départ», se remémore-t-il. Cependant, a-t-il poursuivi, «c'était sans compter sur la détermination et l'abnégation du personnel algérien qui s'est mobilisé pour relever le défi et permettre à l'industrie algérienne d'hydrocarbures de continuer à tourner». Selon ce syndicaliste, très peu d'Algériens à l'époque étaient qualifiés pour travailler dans cette industrie. Volonté Mais, «la volonté de pouvoir disposer nous mêmes de nos richesses naturelles était si grande que nous avons réussi à poursuivre la production», a-t-il affirmé, faisant remarquer que l'Etat, conscient de la complexité de la tâche, a pris la question à bras le corps, en investissant énormément dans la formation des cadres. La Fédération nationale des travailleurs du pétrole, du gaz et de la chimie a eu un rôle de «premier plan» dans la mobilisation des troupes, se rappelle M. Lounis. «Dès l'annonce de la décision de nationalisation des hydrocarbures, la fédération s'est réunie pour décider de la suite à donner à cette décision et des actions à entreprendre pour y parvenir. C'est ainsi que nous avons lancé des appels en direction des Algériens en activité sur les champs pétroliers pour rester mobilisés et des comités de vigilance ont été installés», se remémore-t-il. Confrontés au défi technique de prendre le relais des multinationales qui exploitaient les richesses naturelles, les Algériens ont pu relever cet enjeu et montré la voie aux autres pays. Un des premiers pays à avoir réussi à nationaliser son industrie d'hydrocarbures le 24 février 1971, l'Algérie fut suivie par l'Irak en 1972, puis par la Libye en 1973 qui nationalisa à son tour 5 compagnies anglo-américaines de pétrole.