Précarité, bas salaires, pressions, stress au travail, ce sont là les maux qui rongent la corporation du métier de journaliste. Une corporation qui a pourtant déjà payé son tribut lors de la décennie noire pour se consacrer en Algérie au droit à l'information. La goutte d'eau qui vient de faire déborder une coupe bien pleine est, sans nul doute, le neuvième décès survenu en une année au sein de la famille journalistique, en l'occurrence celui de Chaouki Madani, journaliste au quotidien El Khabar. En effet, Chaouki, décédé mercredi dernier, à seulement 54 ans, a endeuillé du coup toute la profession. Un nom de plus qui s'ajoute à une longue liste qui en dit long sur les conditions dans lesquelles ces journalistes évoluent de nos jours. Ils s'appelaient Hmida Ghazali, photographe à El Chourouk (57 ans), Hayet Haroune, journaliste à la «Dépêche de Kabylie (28 ans), Tewfik Maouchi, journaliste a l'APS (30 ans). Ils ont fait leurs classes au sein de la profession mais se sont vite fait happé par les affres du métier. A l'initiative du FNJA affiliée à l'UGTA, plusieurs dizaines de journalistes et autres métiers de la profession se sont, donc, rassemblés hier, au niveau de la maison de la presse Tahar Djaout, en souvenir de leurs défunts collègues. Mettant l'accent sur la difficulté de ce métier en Algérie, Abdennour Boukhemkhem, Secrétaire Général du FNJA, a fait un large descriptif des difficultés que rencontrent quotidiennement ses confrères. Bas salaires, maladies dues au stress, pressions, l'orateur n'a pas manqué de dénoncer également la responsabilité des journalistes eux mêmes qui creuseraient, d'après lui, leurs tombes en se confinant dans leur silence. A l'origine du malaise ressenti au sein de la profession, un manque de considération flagrant. Par ailleurs, le risque pénal qu'encourent quotidiennement les journalistes dans l'exercice de leur métier est présenté comme un des facteurs à charge dans la pression. L'orateur ne manquera pas de dénoncer et d'appeler à abroger le code de l'information, qualifié de «code pénal bis». A noter que cette manifestation a vu la présence de l'ancien ministre des la Communication, Abdelaziz Rahabi, qui est venu exprimer sa solidarité et soutenir cette initiative. Un grand nombre d'éditeurs ont également participé au rassemblement qui a duré une trentaine de minutes. L'orateur en a profité pour brosser un large tableau de la profession et des conditions déplorables dans lesquelles travaillent ses confrères. A ce sujet, une enquête rendue publique révèle que seul un journaliste sur 10 gagne plus de 25.000 dinars par mois. Pire, selon la même enquête une majorité d'entre eux ne bénéficierait pas de couverture d'assurance maladie. Avant de clore la manifestation, le FNJA a appelé, encore une fois, à une union avec les autres syndicats de la profession, notamment le SNJ, pour converger leurs efforts.