L'interdiction de l'importation de pièces de rechanges contrefaites fait grincer des dents les concessionnaires automobiles. Ces derniers ne critiquent pas la mesure en elle-même qui leur est largement favorable- mais les mécanismes d'application qui leur imposent des dépenses supplémentaires- notamment sur le plan de l'étiquetage. «Nous devons régler certains détails lié à l'application de cette mesure. Il n y a pas de concertation avec les concessionnaires qui doivent adapter la logistique», s'est plaint hier le directeur général de Peugeot Algérie, Marc Bergeretti. «L'ensemble des pièces comporte un étiquetage international. Maintenant, nous devons avoir un étiquetage spécifique en langue arabe», a-t-il expliqué. La notion de pays d'origine peut poser des problèmes pour faire la distinction entre les pièces d'origine et celles contrefaites, a-t-il signalé. «Le concept de pays d'origine a été mondialisé. Les constructeurs automobiles ont des réseaux de fournisseurs répartis à travers le monde. Un même produit -de même qualité- peut être fabriqué en Allemagne ou en Chine», a-t-il soutenu dans une conférence de presse animée hier au siège de l'entreprise à Alger. La marque au lion qui s'était jusque-là abstenu de tout commentaire sur les mesures prises antérieurement- concernant la suppression de crédit bancaire pour l'achat de véhicules pour les particuliers et le transfert du débarquement des car-ferries vers les ports de l'Est et de l'Ouest du pays -est sortie cette fois-ci de ces gonds. Elle espère mobiliser les autres concessionnaires dans le cadre de l'association qui regroupe ces professionnels pour provoquer une rencontre avec le ministère du Commerce pour discuter sur cette question. Les responsables de Peugeot affirment craindre une complication des procédures, en particulier. «On redoute la lourdeur administrative. Notre catalogue de pièces de rechanges contient 150000 références. Imaginez le nombre de documents que va nécessiter l'importation d'une seule pièce», a ainsi souligné un représentant de la direction. Une chose est sûre, les voitures seront beaucoup plus chères dans les prochaines semaines. «Tous ces coûts supplémentaires seront répercutés sur les prix des véhicules», indique M. Bergeretti qui mentionne frais induits par la lettre de crédit documentaire, le certificat de conformité ainsi que le transport des véhicules à partir des ports de Djendjen (Jijel) et Mostaganem. Il fera savoir que la tendance des ventes est à la baisse. Une baisse amorcée le mois de mai dernier et qui s'installe dans la durée. «Nous aurons une décroissance de 5 à 7% », a relevé M. Bergeretti qui estime néanmoins -que le marché algérien reste toujours attractif- étant aux portes de l'Europe. Pas assez vraisemblablement pour un investissement industriel si l'on tient compte des déclarations de ce responsable, concernant ce volet. «Actuellement, nous sommes présents sur le plan commercial. Nous discutons dans le cadre de l'association des concessionnaires sur les conditions nécessaires pour le développement d'une industrie automobile», a conclu le DG de Peugeot Algérie.