Si les relations entre l'Algérie et l'Egypte dans le domaine du sport ne sont pas au beau fixe, les passions étant déchaînées par le match du 14 novembre prochain, il n'en est pas de même en affaires. Les égyptiens se positionnent en pôle position des fournisseurs de l'Algérie dans le cadre de la grande zone arabe de libre-échange (GZALE). Elle détrône la Tunisie qui avait occupé durant le premier semestre 2008, la place de premier fournisseur dans le monde arabe avec une valeur de 154 millions USD pour une part de 28,5%. La part des tunisiens a sensiblement régressé pour s'établir à 17,6% en 2009. La nature ayant horreur du vide, le pays des pharaons s'est empressé de s'accaparer les parts de marché concédées par le voisin frontalier de l'Est. Outre l'Egypte et la Tunisie, l'adhésion de l'Algérie à la GZALE profite également à l'Arabie Saoudite (10,6%), la Jordanie (9,5%) et le Maroc (8,5%). A eux seuls, ces cinq pays totalisent 90 % des importations algériennes en provenance de la zone arabe. Des données de l'office national des statistiques montrent que globalement les importations en provenance des pays arabes ont augmenté passant de 1,8 les six premiers mois de l'exercice 2008 à 2,5 % au cours du 1er semestre 2009, soit du simple au double. Cette évolution rapide effraye les autorités algériennes dont la réaction ne s'est pas faite attendre. Depuis son adhésion à la grande zone arabe de libres échanges (GZALE), l'Algérie est devenue une destination privilégiée des produits arabes. La balance commerciale avec les pays membres de cette zone est déficitaire. Après six mois d'entrée en vigueur de la convention régissant les produits bénéficiant d'un régime tarifaire préférentiel au sein de la GZALE, il a été constatée une hausse de 28,2 % des importations et une régression de 63 % des exportations hors hydrocarbures (voir l'article ci-dessus). Le gouvernement a décidé de réagir et une panoplie de mesures est en préparation pour rééquilibrer la situation. Ainsi un comité technique de la chambre algérienne du commerce et de l'industrie (CACI) préparerait actuellement une liste dite « négative » de produits qui exclut des exonérations des droits de douanes pendant une période afin de protéger la production nationale d'une concurrence à laquelle elle n'était visiblement pas préparée. La CACI élabore cette liste sur la base de propositions d'organisations professionnelles. Elle sera transmise au ministère du Commerce qui la soumettra au gouvernement avant qu'elle ne soit négociée avec des responsables de la ligue arabe, affirment nos sources. L'Algérie entend également se doter d'un arsenal juridique qui permettra de mettre en application le principe de réciprocité afin de faire subir aux exportateurs des pays arabes les mêmes contraintes que celles imposées aux opérateurs algériens. Ces derniers auraient été soumis à des procédures bureaucratiques sans fin qui auraient découragés les plus téméraires d'entre eux. Les produits algériens ont du mal à se frayer un chemin vers les marchés arabes. Le ministère du commerce plancherait donc sur un projet de texte réglementaire qui instaurera des barrières non tarifaires. Le gouvernement mettra en place des mécanismes qui lui permettront d'avoir une marge de manœuvre pour protéger les produits algériens sans trahir ses engagements. A cela s'ajoutera une autre mesure qui consiste à consigner les droits de douanes en cas de soupçon concernant l'origine d'un produit. L'importateur sera tenu de verser les droits de douane le temps qu'une enquête établisse l'origine du produit. En cas de confirmation des assertions de l'importateur, celui-ci sera remboursé et sa marchandise pourra être commercialisée en Algérie. Cette mesure est déjà en vigueur pour certains produits mais elle sera généralisée pour tous les produits. Les autorités algériennes espèrent ainsi limiter l'impact négatif de son adhésion à la GZALE.