La principale centrale syndicale al gérienne, l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), s'est basée sur l'expérience de la FTQ pour susciter la création du Fonds de soutien à l'investissement pour l'emploi, le FSIE. «Nous sommes de plus en plus convaincus d'avoir fait le bon choix, a lancé le chargé des communications du FSIE, Abdelhakim Hamoun, de passage à Montréal avec une délégation algérienne pour une série de rencontres avec les dirigeants du Fonds de solidarité. La mayonnaise prend.» Le FSIE n'en est encore qu'à ses premiers pas. Le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, a souscrit les premières actions du fonds, le 1er mai dernier. L'UGTA s'est intéressée au Fonds de solidarité un peu par accident. C'est au cours d'une mission au Québec, en 1996, que le secrétaire général de l'époque, Abdelhak Benhamouda, a appris l'existence de ce fonds de travailleurs et qu'il a entrevu la possibilité d'établir une institution semblable en Algérie. Il a été assassiné en 1997, mais l'UGTA a poursuivi sa vision. «Ce qui nous a intéressé, c'est la création et le maintien d'emplois, a déclaré M. Hamoun. Mais c'est aussi la formation économique et financière des travailleurs, qui permet de rehausser le niveau de leurs compétences en la matière et d'instaurer un dialogue social dans l'entreprise.» Il a indiqué qu'il s'agissait d'un aspect particulièrement intéressant en Algérie. C'est qu'en vertu de la loi sur la privatisation des entreprises publiques, les travailleurs doivent détenir 10% des entreprises nouvellement privatisées. La formation offerte par le FSIE permet une participation plus éclairée. Le FSIE a cependant dû faire face à des obstacles bien particuliers, comme le peu d'expérience générale dans le domaine des investissements. «Les institutions qui s'occupent des transactions étaient en développement, s'est rappelé Michel Dorion, des affaires juridiques du Fonds de solidarité FTQ. Il a fallu créer quelque chose comme notre Autorité des marchés financiers.» Les travailleurs, eux, avaient en mémoire le scandale de la banque El Khalifa, qui a fait disparaître l'épargne d'un grand nombre d'Algériens. «Ça a causé une espèce de traumatisme national, a expliqué M. Hamoun. Il fallait rétablir la confiance. Mais ce traumatisme commence à se dissiper.» En outre, pour les Algériens, la retraite semble bien éloignée. Il semble toujours y avoir des besoins plus pressants. Pourtant, l'âge légal de la retraite est de 60 ans. Il faut donc y voir. Il a également fallu tenir compte des salaires algériens. Le FSIE a donc choisi d'offrir chaque unité au prix de 200 dinars, soit l'équivalent d'un paquet de cigarettes. «Nous avons préconisé une petite épargne, mais constante, régulière, a raconté M. Hamoun. Les petits ruisseaux font de grands fleuves.» Le gouvernement algérien facilite également les choses en offrant une bonification de 10 %. Les actionnaires se trouvent donc à payer seulement 180 dinars pour chaque unité. Le FSIE a choisi de cibler d'abord trois grands secteurs de l'économie pour recruter ses actionnaires: le gigantesque secteur des hydrocarbures, qui emploie 200 000 travailleurs, les banques et assurances et la métallurgie. «Ce sont des secteurs intéressants compte tenu du nombre de travailleurs impliqués, et les salaires sont assez conséquents», a expliqué M. Hamoun. Il a précisé que les investissements du fonds ne se feront pas nécessairement dans ces secteurs. Il faudra d'ailleurs attendre de quatre à cinq ans avant de voir les premiers investissements dans les PME algériennes. De son côté, le Fonds de solidarité aimerait bien voir d'autres pays adopter son modèle. «Le Sénégal s'est intéressé mais il a dû mettre son projet en veilleuse, a indiqué M. Dorion. Ils souhaitent cependant y revenir. Il y a également une réflexion qui se fait à Sofia, en Bulgarie.» De notre correspondant à Montréal Aek Djebbar