Alger n'est plus blanche comme se plaisaient à l'appeler ses habitants il y a quelques années...il n'est pas un quartier où l'on ne remarque pas des amas d'ordures qui font désormais partie du décor. Des sacs éventrés pris d'assaut par les chats de gouttière et les chiens errants, des sachets en plastique accrochés aux arbres, des canettes de boissons gazeuses et autres immondices jetées dans la nature...une réalité qui infecte, défigure et ronge les quartiers de la capitale. Insalubrité, pollution et prolifération de maladies guettent au quotidien les Algérois dont le comportement de certains est, le moins qu'on puisse dire, antisocial. Les citoyens jettent leurs ordures n'importe où. Manque de civisme ou insouciance, le résultat est tel que le non-respect des horaires et le dépôt anarchique des déchets ménagers compliquent très souvent la tâche des éboueurs, lesquels ont du mal à éliminer cette saleté épaisse qui envahit et détruit tout sur son passage. Les ordures débordent, pourrissent et entraînent la prolifération de moustiques, de rats et de cafards qui véhiculent des maladies graves, des maladies ayant un lien directe avec l'hygiène publique à l'instar des maladies respiratoires, des allergies et des intoxications alimentaires dont l'origine est la même: le manque d'hygiène. Les failles sont nombreuses, à leur tête le manque de bennes à ordures et de moyens de tri et de collecte d'ordures avant leur transport au centre d'enfouissement technique de Ouled Fayet qui reçoit, à lui seul, 800 camions-poubelles par jour après la fermeture de la décharge de Oued Semar, indique un responsable de l'entreprise de collecte des déchets domestiques «Netcom». Les commerçants jettent, eux aussi, leurs déchets n'importe où et ne respectent point les horaires de dépôt. Des odeurs nauséabondes se dégagent de ces ordures qui offrent un spectacle désenchantant de déchets traînant sur les trottoirs de la capitale. Le responsable du service Equipement à Netcom, M. Mohamed Ouali Ayat a rappelé à l'APS tous les efforts consentis par les 6500 agents de son entreprise pour une meilleure prise en charge des déchets ménagers des 28 communes d'Alger. Netcom a fixé des heures précises pour la collecte des déchets, entre 21:00 et 06:00, a-t-il souligné ajoutant que le volume de déchets ménagers collectés quotidiennement était de 2.000 tonnes. Cependant, ce responsable de Netcom a tenu à préciser que les éboueurs étaient confrontés au problème de non respect des horaires de dépôts d'ordures, les contraignant à opérer plusieurs tournées tout au long de la journée, notamment au niveau des grandes artères à l'instar de la Grande Poste, du Boulevard Bouguara, de Ali Khodja (El Biar), des quartiers de Belouizdad et de la Place de martyrs. Exiguïté des rues M. Ayat a par ailleurs évoqué la problématique de l'exiguïté des rues de certains quartiers d'Alger comme ceux de Zghara à Bab El Oued et de la Casbah qui sont inaccessibles pour les camions de collecte des ordures ménagères. Il a rappelé que Netcom qui s'est dotée de petits camions pour pouvoir entrer dans ces quartiers recourt toujours à l'ancienne méthode celle des ânes pour avoir accès aux quartiers les plus étroits. M. Ayat a souligné à l'occasion l'importance de promouvoir la culture de la collecte et du tri des ordures à partir du quartier rappelant que son entreprise fournissait ces quartiers en sacs afin d'encourager les citoyens à prendre l'initiative. Il a en outre souligné l'importance de l'implication de toutes les parties concernées dont les pouvoirs publics et le mouvement associatif pour un environnement sain et propre. Il rappelé dans le même contexte le rôle de la presse, des mosquées et des établissements éducatifs dans l'ancrage de la culture de la protection de l'environnement. «Nous nous sommes habitués à cette situation lamentable», a déploré Aïcha, rencontrée près du marché de Bab Azzoun où déchets du marché et ceux des marchands à la sauvette sont entassés. Selon cette dame rencontrée près du marché de fruits et légumes, se sont les commerçants et les restaurateurs de ce quartier qui sont responsables de cette situation en déversant leurs déchets en fin de journée dans ces endroits publics. Aïcha a demandé à cette occasion les autorités compétentes à appliquer la loi en imposant des amendes à tous les pollueurs afin de lutter contre ces «comportements inciviques» souhaitant voir la capitale renouer avec son image d'antan, celle d'»Alger la blanche». Au quartier «Jolie vue» à Kouba, des citoyens déplorent le phénomène du jet des ordures ménagères aux seuils des bâtiments en dépit de l'existence d'endroits aménagés et dotés de bennes. Soulignant l'importance de la consécration de la culture d'un environnement sain, ils ont appelé les habitants de ce quartier à cesser ces «comportement incivique» et à contribuer à la consécration de la culture environnementale et de la prévention notamment auprès de jeunes enfants. Ils ont estimé que cette responsabilité ne doit pas être assumée seulement par les collectivités locales mais aussi par le citoyen qui doit «se préoccuper pour sa part dans l'environnement où il vit». De leur côté, les habitants de Bachdjarrah se plaignent des amas d'ordures et de déchets jetés notamment par les vendeurs du commerce parallèle qui avait été été très répandu dans ce quartier.