Chadli Bendjedid, troisième président de l'Algérie indépendante, décédé samedi à l'âge de 83 ans, a été inhumé hier après-midi au Carré des Martyrs du cimetière El-Alia (Alger), en présence du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Les hauts responsables de l'Etat, les membres du gouvernement, des personnalités nationales et étrangères, des membres des corps constitués, les représentants du corps diplomatique accrédité en Algérie, ainsi que la famille et les compagnons d'armes du défunt ont assisté aux funérailles. Le ministre des moudjahidine, Mohammed Chérif Abbès, a prononcé l'oraison funèbre avant que la dépouille mortelle de Chadli Bendjedid ne soit inhumée, saluant la mémoire du défunt qui a servi avec dévouement l'Algérie durant la guerre de Libération et pendant le processus d'édification nationale. Le président Bouteflika a déposé une gerbe de fleurs sur la tombe de Chadli Bendjedid. Des salves ont été tirées par un détachement de la Garde républicaine en hommage au défunt. Auparavant, le cortège funèbre, accompagné par le président de la République, était arrivé à El-Alia où la dépouille du défunt, drapée de l'emblème national et portée par des éléments de l'Armée nationale populaire (ANP), a été déposée au Carré des Martyrs. Dans une ambiance de deuil et de recueillement, des milliers de citoyens se sont massés le long du passage du cortège funèbre pour saluer la mémoire de cette figure nationale historique. Le président Bouteflika a décrété un deuil de huit jours sur l'ensemble du territoire national, suite à l'annonce du décès de Chadli Bendjedid. Né en 1929 à Seba'a dans la commune de Bouteldja (El-Taref), Chadli Bendjedid s'est engagé, dès 1954, au FLN, avant de rallier une année plus tard l'Armée de libération nationale (ALN) dans la wilaya II (Constantinois). En 1956, Chadli occupa une responsabilité dans sa région, pour devenir en 1957 adjoint du chef de zone et capitaine chef de zone en 1958. Il fait un bref passage au commandement opérationnel de la zone Nord en 1961 et, une année après, il fut nommé chef de la 5e région militaire (Constantine) avec le grade de commandant. A l'indépendance, en 1963, il supervise le retrait des troupes françaises de cette région avant de prendre le commandement de la 2ème Région militaire (Oranie) le 4 juin 1964. Il fut membre du Conseil de la Révolution, le 19 juin 1965, après le renversement du président Ahmed Ben Bella. En février 1968, il contrôle également le retrait des troupes françaises de l'Oranie, en particulier l'évacuation de Mers el-Kebir. Une année plus tard, il est promu au grade de colonel. Pendant la maladie du défunt Houari Boumediene en 1978, Chadli Bendjedid est chargé d'assurer la coordination des affaires de la défense nationale. Désigné secrétaire général du FLN en janvier 1979, à l'issue du 4e congrès, puis candidat à l'élection présidentielle, il fût élu président de la République le 7 février 1979, tout en assumant le portefeuille du ministère de la Défense nationale, jusqu'en juillet 1990, date où il a cédé ce poste au chef d'état-major de l'ANP le général Khaled Nezzar. Réélu au poste de secrétaire général du parti FLN en décembre 1983, Chadli Bendjedid est choisi comme candidat à la présidence de la République par le 5e congrès du FLN pour un second mandat. Il sera réélu président de la République par deux fois, en 1984 et en 1989. Au lendemain des événements d'octobre 1988, Chadli Bendjedid engage diverses réformes politiques parmi lesquelles la révision de la Constitution qui consacrera le multipartisme dès février 1989. Durant la période qu'il a passée à la tête de l'Etat algérien, il a été à l'origine de la création de l'Union du Maghreb arabe (UMA) à l'issue d'une rencontre au sommet en 1989 à Zeralda Hommage de personnalités maghrébines et arabes Et c'est à la mémoire de cet homme là que plusieurs personnalités maghrébines et arabes se sont recueillies au Palais du peuple (Alger), saluant son abnégation au service de l'Algérie et des causes arabes. Le membre du comité central du mouvement palestinien Fatah et représentant du président palestinien Mahmoud Abbas, M. Abbas Zaki, a souligné que «Chadli Bendjedid n'était pas seulement le président de l'Algérie mais un des dirigeants de la nation arabe qui a défendu les causes de la paix et embrassé la cause palestinienne». Chadli Bendjedid «a également marqué de son empreinte le pluralisme et la réforme», a-t-il ajouté. Une délégation marocaine, composée du ministre des Affaires étrangères, M. Saad Eddine El Otmani, du ministre des Wakfs et des Affaires religieuses, M. Ahmed Taoufiq, et du conseiller du roi Mohamed VI, M. Omar Azzimane, s'est également recueillie à la mémoire du défunt. Le ministre marocain des Wakfs, M. Ahmed Taoufiq, a affirmé que Chadli Bendjedid «était parmi les grands dirigeants de l'Algérie et du Maghreb arabe», ajoutant que sa disparition «est une perte pour l'Algérie et pour l'ensemble de la région». Une délégation tunisienne comprenant le ministre de la Défense, M. Abdelkarim Zbidi, et le ministre des Affaires étrangères, M. Rafik Abdesslam, s'est recueillie à la mémoire de Chadli Bendjedid. Dans une déclaration à la presse, M. Zbidi a salué les qualités de l'ancien président de la République, précisant être venu en Algérie pour présenter les condoléances de la Tunisie. Le ministre égyptien des Affaires religieuses, M. Talaat Salem, s'est également recueilli à la mémoire du défunt.