L'année 2012 restera dans les annales du secteur des Forêts de la wilaya de Tizi-Ouzou comme étant celle des plus «chaudes», au vu du nombre effarant d'incendies enregistrés et de l'ampleur des dégâts qu'ils ont occasionnés au patrimoine sylvicole et arboricole, dont notamment l'olivier. Ce constat est, du reste, corroboré par le bilan comparatif de la Conservation des Forêts pour la campagne 2012 de lutte contre les feux de forêts, durant laquelle il a été enregistré pas moins de 474 incendies ayant parcouru une superficie globale de 10.503 ha (toutes formations végétales confondues), soit une perte équivalant au plus des 2/3 de celle accusée pendant la dernière décennie, qui avait connu la dévastation par le feu de 15.792 ha de couvert végétal. L'ampleur des dégâts subis par le secteur des forêts est encore mieux mesurée, lorsque l'on se réfère aux statistiques de l'administration des forêts qui estiment les pertes sylvicoles générées par les incendies durant ce même été 2012, à plus de 11 fois celles déplorées en 2011, siège d' une perte de 938 ha. Quoique n'ayant pratiquement épargné aucune localité de la wilaya, ces incendies ont particulièrement touché les superficies boisées relevant des localités d'Azazga, Azeffoun, Ait Chaffa et Bouzguene. 4.822 ha de forêts et 60.000 oliviers partis en fumée Des pertes estimées à près de 835 millions de DA En termes financiers, le responsable de la protection de la faune et de la flore au niveau de la Conservation des forêts, M. Mohamed Skandri, a estimé ces pertes à près de 835 millions de DA, dont 443 millions DA pour le seul canton forestier d'Azazga, suivie de celui d'Azeffoune 160 millions de DA et de Tigzirt 80 millions de DA. Toutefois, ce bilan ne tient pas compte des conséquences des incendies sur l'écosystème qui a subi, selon ce responsable des «pertes plus importantes, bien que non quantifiables». La récolte du liège compromise par les incendies Pour cause d'incendies qui ont affecté les subéraies, les récoltes du liège, fixées pour la campagne de démasclage écoulée à 7.500 quintaux, ont du être revues à la baisse, puisqu'il n'a été, au final, engrangé que 1.250 quintaux de ce produit ligneux, ce qui représente à peine 17% de l'objectif initial. Aussi, pour limiter les dégâts et préserver les subéraies contre les incendies, sachant que l'écorce du liège est protectrice de l'arbre porteur, la Conservation des forêts a décidé, selon son responsable, M. Moussa Tabti, «d'arrêter, à titre préventif, l'exploitation du liège et de la différer dans le temps». Les départs du feu favorisés par un cocktail d'ingrédients Selon le chargé de la protection de la faune et de la flore, la recrudescence «exceptionnelle» des incendies de forets durant l'année 2012 «a été favorisée par la conjonction d'un cocktail d'ingrédients», dont notamment, a t-il expliqué, la forte canicule ayant sévi particulièrement durant les mois de juillet et août où la température moyenne avait enregistré (+4 degrés) par rapport à la moyenne décennale. Parmi d'autres facteurs, il a cité, également, la persistance du vent du Sud, la constitution d'un lit dru de combustibles, fait de branchages cassés et d'herbes tassées sous le poids d'importantes quantités de neige qui se sont abattues sur la région. «Ces chablis ont constitué un véritable conducteur entre la basse strate herbacée et les hautes tiges (arbres)», a-t-il souligné. Même en l'absence d'enquêtes pour déterminer avec précision les causes des incendies, les forestiers admettent, qu'en plus des facteurs climatiques, l'homme en détient, directement ou indirectement, une part de responsabilité. Le recul du travail de la terre en milieu rural, le manque du désherbage et de débroussaillement des champs en temps opportun, sont parmi d'autres causes citées comme pouvant être à l'origine de la propagation des feux de forets. De même qu'il est établi que les décharges sauvages proliférant à la lisière et même au cœur des forêts constituent, selon M. Skandri, une «source potentielle pour le départ des incendies», d'où la nécessité, a-t-il requis d'éradiquer ce phénomène par la matérialisation des programmes de décharges publiques contrôlées et de centres d'enfouissement techniques, inscrits à l'indicatif de la wilaya, mais butant, dans bien des cas, sur des «oppositions» de citoyens, comme le déplore la direction de l'Environnement. Mohamed Chaballah