Des spécialistes en oncologie ont plaidé, dimanche à Alger, pour l'urgence de trouver des solutions «pérennes» et «durables» en matière de prise en charge des personnes atteintes de cancer. «Il est urgent de trouver des solutions pour améliorer la prise en charge des malades souffrant de cancer et ce, par la réception de nouveaux centres anti-cancer et par l'acquisition d'accélérateurs pour l'administration de soins radiologiques», a souligné le Pr Kamel Bouzid, chef de service oncologie du centre anti-cancer Pierre et Marie Curie (CPMC), lors d'une conférence-débat au Forum du journal DK News. Il a estimé, à ce propos, qu'il ne servait à rien d'organiser des campagnes de dépistage pour faire des diagnostics précoces, si les malades n'étaient pas pris en charge. Selon ce spécialiste, les hôpitaux sont «submergés» et ne peuvent pas répondre à l'importante demande en matière de radiothérapie, ajoutant que les malades sont obligés, parfois, d'attendre des mois, voire des années, pour pouvoir bénéficier d'une séance en radiologie. «Pendant ce temps, l'état des patients ne cesse de s'aggraver», a déploré le Pr. Bouzid, également président de la Société algérienne d'oncologie médicale. Dans ce sens, et par manque d'appareils radiothérapiques, les médecins sont contraints de recourir «abusivement» aux mastectomies (ablation du sein). Au lieu de procéder à l'ablation, uniquement, de la tumeur, les oncologues pratiquent l'ablation du sein, voire des deux seins. De ce fait, la mastectomie peut être évitée par une tumeroctomie accompagnée de radiothérapie. En attendant la réception de centres anti-cancer et d'accélérateurs en radiologie, le même spécialiste a insisté sur la nécessité de faciliter l'accès des malades aux «formes sèches de médicaments». Il a également suggéré le transfert de 60% de dépistés du cancer, annuellement, et qui ne sont pas pris en charge en Algérie, vers l'étranger. «28.000 malades sur les 44.000 dépistés positivement chaque année ne sont pas traités, d'où la nécessité pour les caisses d'assurances de rembourser toutes les formes médicamenteuses liées aux cancers», a-t-il soutenu. De son côté, le Pr Mohammed Oukkal, chef de service oncologie au CHU Beni Messous, a indiqué que la réunion interministérielle sur le cancer, tenue le 8 novembre dernier, avait permis de dresser un état des lieux de cette maladie en Algérie et prendre des mesures pour pallier les insuffisances enregistrées en la matière. «Nous attendons que ces mesures soient appliquées sur le terrain, notamment le remboursement des médicaments qui tarde à voir le jour», a-t-il dit. L'intervenant a plaidé également pour le remboursement des actes chirurgicaux du secteur privé, rappelant que 70% des opérations chirurgicales se font dans des cliniques privées. Parmi les propositions adoptées par le conseil interministériel, une opération pilote de dépistage du cancer du sein dans la wilaya de Biskra sera lancée au début du premier trimestre de 2013. Cette opération consiste à ausculter 84.000 femmes à l'aide d'un mamomobile (mammographe) placé sur un semi-remorque pour dépister d'éventuels cancers du sein. Si cette initiative donne de bons résultats, elle sera étendue à d'autres wilayas du pays, ont annoncé les intervenants. Dans le même ordre d'idées, les spécialistes ont proposé une large formation des soignants aux techniques de dépistage, sachant que les centres de soins accusent un important manque de personnels qualifiés.