Pour freiner l'avancée du désert, qui menace 20 millions d'hectares, l'Algérie veut réhabiliter son barrage vert -abandonné faute de moyens- depuis le début des années 80. Une opération pour la réhabilitation du barrage vert sera entamée bientôt, a annoncé hier sur les ondes de la chaîne III Abdelmalek Titah, directeur général des forêts au ministère de l'Agriculture et du Développement rural. «Nous avons lancé une étude sur l'état de lieux précis du barrage vert. Nous allons intervenir pour mieux réhabiliter ce barrage», affirme le même responsable. Le projet du barrage vert, dont la réalisation a été confiée, durant les années 70, aux appelés du service national, souffre actuellement des coupes illicites du bois, le dépérissement des pins d'Alep et le pacage illicite. Depuis la concession du projet à l'administration des forêts, qui a officiellement repris le chantier dans les années 90, le projet a pris du recul à cause du manque de moyens. La DGF ambitionne de lancer, en parallèle à cette opération de réhabilitation du barrage vert, un programme de 12.000 projets intégrés à l'horizon 2014 pour la lutte contre la désertification. 2.000 projets sont en cours d'exécution dans une trentaine de wilayas du pays. Il y aura aussi un programme pour la réhabilitation des espèces endémiques des régions steppiques et désertiques, comme l'Arganier et le Cyprès. Autre annonce faite par le DG des forêts est la finalisation en janvier 2010 par le Centre des techniques spatiales d'Arzew (CTS) de l'actualisation de la carte nationale de sensibilité à la désertification par utilisation de l'imagerie satellitaire. Un contrat avait été signé en juin 2008 entre le CTS et la Direction Générale des Forêts pour l'Actualisation et l'extension de la carte nationale de sensibilité à la désertification par l'utilisation des données satellitaires implémentées dans un environnement SIG, rappelle-t-on. La carte va autoriser de mettre à jour les connaissances et informations du milieu naturel (occupation du sol, pédologie, climat et géomorphologie…), permettant une meilleure compréhension du processus de désertification en Algérie. L'étude concerne treize wilayas dans les régions Ouest, Centre et Est. La région centre constituée des wilayas de Djelfa, Tiaret, Laghouat et M'sila ; la région Est des wilayas de Batna, Khenchela, Biskra, Tébessa et la région Ouest des wilayas de Naâma, d'Ain Sefra, d'El- Bayadh, de Saida et de Tlemcen. La carte nationale de sensibilité à la désertification s'appuie sur les techniques de la télédétection, du positionnement par satellite et les systèmes d'informations géographiques. L'approche méthodologique s'articule autour de la combinaison des indicateurs de la désertification et prend en compte les variations sur les plans pédopaysagique, de l'utilisation du sol et de l'état de la végétation naturelle. Cette carte de sensibilité à la désertification avec les différentes classes allant de désertifiée, très sensible, sensible, moyennement sensible et peu ou pas sensible permettra la surveillance de l'écosystème steppique et la perception des changements agro écologiques, en fonction de l'utilisation du sol et constituera une référence pour toutes les études futures. Questionné sur le programme de reboisement, Abdelmalek Titah déclare qu'un (1) million d'hectares a été reboisé en Algérie depuis l'indépendance dont près de la moitié ces treize dernières années. Cependant, ces efforts restent insignifiants par rapport à l'ampleur du déboisement en Algérie. Le parc forestier, avec 4,6 hectares, représente seulement 3% de la superficie du territoire national. Autre risque pour le pays est que 20 millions d'hectares sont menacés par la désertification dans les zones steppiques et 12 millions autres par l'érosion hydrique. La DGF a tracé un plan pour la reforestation de 100.000 hectares annuellement. Mais, à ce rythme, il est quasiment impossible de limiter l'avancée du désert en Algérie.