L'Afrique et l'Asie peuvent apporter «beaucoup» à la croissance de l'économie mondiale et aspirer à «un monde plus stable», a affirmé dimanche à Bo'ao (Chine), le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah. «Ensemble, l'Afrique et l'Asie peuvent apporter beaucoup à la croissance de l'économie mondiale, à l'éradication de la pauvreté, à la préservation de l'environnement, à un monde plus stable, plus sur et plus solidaire», a indiqué M. Bensalah dans son intervention lors d'une table ronde, organisée dans le cadre de la conférence annuelle du forum de Bo'ao, sous le thème «l'Afrique: renaissance du vieux continent». Pour M. Bensalah, qui représente le président de la République à ce forum, la jeunesse de la population africaine, son dynamisme, l'élargissement constant de ses classes moyennes, lui ouvrent des perspectives «réelles à un essor continu» de ses marchés. «Cette nouvelle frontière de l'économie mondiale offre une opportunité plus bénéfique pour l'expansion des relations avec l'Asie sur la base du principe gagnant-gagnant et de l'intérêt mutuel», a-t-il soutenu. M. Bensalah a précisé qu'un demi siècle après les indépendances, l'Afrique apparaît comme un «continent émergent», qui dispose d'atouts «considérables» en ressources minérales notamment et en ressources humaines qui préfigurent «un rôle de plus en plus important dans l'économie mondiale». Il a souligné, dans ce sens, que l'Afrique pouvait bénéficier de la riche expérience de l'Asie qui a fait du développement humain «la clé de voûte de la croissance dans une économie mondiale fondée de plus en plus sur le savoir». Il a indiqué, également, que 10 ans après le lancement de l'Union africaine (UA) et du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), les efforts menés individuellement et collectivement par les pays africains «avaient permis de franchir d'importantes étapes dans la dynamique de renaissance du continent». «Le progrès dans la mise en place de l'architecture de pays de l'UA augurent d'une appropriation encore plus effective par l'Afrique de la problématique de la paix et la sécurité sur le continent», a-t-il encore soutenu. Pour lui, l'UA et le NEPAD, en intégrant «pleinement» la dimension du genre dans les programmes, reflètent «un engagement clair» à promouvoir le développement «équilibré» et «la cohésion de nos sociétés à travers la participation effective de la femme à la vie politique, économique et sociale». «Dans le domaine économique, des avancées notables sont enregistrées, qu'il s'agisse d'adaptation des institutions économiques, de stabilisation du cadre macro-économique, d'accroissement de la mobilisation des ressources internes, d'attraction des investissements nationaux et internationaux, ou d'augmentation des allocations de ressources au développement humain», a-t-il noté. Le président du Conseil de la nation a estimé, à ce propos, que la conjugaison de facteurs avait permis la réalisation d'un taux de croissance «appréciable» de 6% entre 2000 et 2008, et une capacité de résilience face à la crise économique et financière internationale, précisant que le potentiel de croissance de l'Afrique à moyen terme est estimé à plus de 10% par an. «Il n'est, dès lors, pas surprenant qu'aujourd'hui, l'Afrique se voit reconnaître comme un nouveau pôle de croissance susceptible de contribuer significativement à l'impulsion de la relance de l'économie mondiale», a dit M. Bensalah. «Il reste que des contraintes structurelles persistent sur le chemin de la valorisation optimale du vaste potentiel que recèle le continent», a-t-il cependant relevé. Pour lui, ces contraintes sont à quatre niveaux, à savoir, a-t-il expliqué, un déficit quantitatif et qualitatif en infrastructures de transport, d'énergie, d'hydraulique et d'information et communication, une structure économique insuffisamment diversifiée, l'étroitesse des marchés nationaux ainsi que la faiblesse des capacités entrepreneuriales et d'innovation. Il a estimé, dans ce cadre, que le programme de développement des infrastructures en Afrique nécessitait une concentration des efforts des Africains et de leurs partenaires, en particulier asiatiques qui disposent d'une expérience et d'un savoir faire «avérés». Evoquant les progrès réalisés par les pays africains ces dernières années, M. Bensalah a affirmé que «l'amélioration de la gouvernance s'est traduite par la consolidation du processus démocratique et de l'Etat de droit dans la grande majorité des pays» africains. «Les élections libres et transparentes et l'alternance pacifique au pouvoir sont devenues la norme sur le continent. Le rejet de l'accession au pouvoir par des voies non constitutionnelle est aujourd'hui une règle fermement établie», a-t-il ajouté. M. Bensalah a également précisé que le nombre de conflit armés avait «sensiblement baissé» et que «l'UA s'implique activement dans la résolution des crises qui persistent ainsi que dans la reconstruction post-conflit». «Le recouvrement des indépendances, souvent au prix de lourds sacrifices a réhabilité l'Afrique comme terre de rayonnement civilisationnel et ouvert la voie à une dynamique de renaissance africaine», a-t-il dit, rappelant que le continent avait durant des siècles subi «les affres de l'esclavage, du colonialisme et de l'apartheid».