La Banque mondiale a appelé les pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) à réviser leurs systèmes de protection sociale dont les subventions des prix, qui alourdissent les finances publiques, et profitent davantage aux riches. Dans un rapport publié à l'approche de sa réunion annuelle, la Banque Mondialer relève que la plupart des systèmes de protection sociale mis en place dans les pays de la région MENA dans le but de protéger les plus pauvres «assurent une protection insuffisante et laissent un grand nombre de familles dans la pauvreté». Les subventions occasionnent de grandes fuites en faveur des riches Citant essentiellement les subventions générales censées aider les couches pauvres de la population, la BM note que cette catégorie d'aide «pèse lourdement sur les budgets publics, alors même qu'elle profite souvent davantage aux riches qu'aux pauvres et qu'elle génère de fortes distorsions économiques diminuant la demande pour la main d'œuvre». «Les subventions générales sont inefficaces avec des impacts relativement faibles sur la pauvreté et les inégalités et elles occasionnent des fuites énormes en faveur des riches», affirme cette étude de près de 80 pages. Dans son rapport où elle analyse ces effets qu'elle dit «très préoccupants» pour la santé des économies de la région MENA, la BM présente des solutions pour rediriger, selon elle, les ressources vers des dispositifs de protection sociale permettant aux pauvres d'échapper à la pauvreté et de contribuer au progrès économique et social. Abordant les systèmes de protection sociale dans la région où il met en évidence la nécessité de rediriger les fonds publics des subventions vers l'aide sociale, le directeur de la BM pour le développement humain dans la région MENA, M. Steen Jorgensen, relève que «l'ancien système qui protégeait une minorité de privilégiés tout en achetant la stabilité au moyen de subventions universelles n'est plus viable ni acceptable». Selon lui, «il faut un nouveau contrat social qui réponde à la demande de pain, de liberté et de justice, afin de libérer l'immense potentiel humain de la région et aider les pauvres pas seulement à survivre mais à réussir.» Un système difficilement soutenable Pour la BM, les gouvernements de cette région «ne répondent aux crises que par l'augmentation des subventions, ou par une plus grande générosité en matière d'emplois publics». Malgré sa popularité, «ce système s'avère difficilement soutenable et, surtout, il n'a pas permis aux populations de gagner en autonomie». A ce propos, elle indique que les pays MENA «consacrent un pourcentage non négligeable de leur budget national à financer des subventions». Selon ses estimations, les pays de la région MENA consacrent en moyenne 5,7% de leur PIB à des subventions, dont 80% de subventions pétrolières. Une comparaison réalisée avec d'autres pays en développement a montré que les subventions y représentent en moyenne 1,3% du PIB. En outre, les pays de la région MENA consacrent 0,7% de leur PIB à des transferts en espèces et à d'autres formes d'aide ciblée aux pauvres, mais ces dépenses n'ont pas d'impact significatif sur la pauvreté et les inégalités car elles ne sont pas suffisamment ciblées et couvrent un pourcentage extrêmement faible de la population, constate-t-elle encore. De fait, dans tous les pays de la région MENA étudiés, «les deux tiers du segment le plus pauvre de la société ne bénéficient d'aucune forme d'aide ciblée», ajoute cette institution financière internationale. Tout en proposant plusieurs formules de réformes en s'appuyant sur l'expérience mondiale en la matière, la BM souligne que le défi au MENA est d'investir dans des programmes de protection sociale efficaces qui soient «financièrement, politiquement et administrativement durables.» Pour cela, préconise-t-elle, il faudra qu'ils soient «rigoureusement conçus et mis en œuvre pour promouvoir efficacement l'inclusion, les moyens de subsistance, et la résistance aux chocs, en s'assurant qu'ils atteignent les couches les plus vulnérables».