Selon un récent rapport de la Banque mondiale, la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (Mena) ne manque cependant pas d'atouts, au premier rang desquels figurent ses jeunes, ses ressources et la résilience dont elle a fait preuve lors de la crise mondiale. Lorsque l'on traite des défis auxquels la région Mena doit faire face à court terme, on pense aussi inévitablement aux problèmes profonds auxquels elle est confrontée. Selon la BM, les fruits de la croissance n'ont pas été équitablement répartis. L'illustration de ce constat est le taux de chômage élevé que connaît la région Mena - de l'ordre de 20 à 25 % chez les jeunes dans certains pays, voire plus encore chez les diplômés de l'université et les femmes, ces dernières ayant l'un des taux d'activité les plus faibles au monde. Les populations les plus démunies sont très vulnérables. Les disparités régionales sont également très marquées. Par ailleurs, la croissance est restée en dessous de son potentiel dans la région Mena et elle n'a pas créé d'emplois. En cause : le manque de diversification économique, la faiblesse des investissements privés (15 % du PIB en moyenne, soit la moitié qu'en Asie de l'Est), elle-même liée à l'existence d'obstacles à l'entrée, et des incitations qui favorisent les relations privilégiées au détriment de la concurrence. Alors que plusieurs réformes économiques ont été entreprises ces dernières années, une enquête de la Banque mondiale auprès des entreprises a montré que leur mise en œuvre a été de médiocre qualité et que les institutions restent attachées à des pratiques et à un cadre réglementaire dépassé. Aussi, les marchés du travail et les systèmes éducatifs sont dysfonctionnels. Selon les résultats de 2009 de l'évaluation du climat de l'investissement (ICA), le montant élevé des charges sur les salaires (cotisations sociales), la réglementation rigide du marché du travail et l'inadéquation des qualifications sont les principales raisons pour lesquelles les entreprises n'embauchent pas. Le manque d'innovation et d'entrepreneuriat, ainsi que l'absence de mécanismes d'équilibre du marché posent également problème. Les efforts entrepris pour élargir l'accès à l'éducation ont négligé la qualité de l'enseignement, comme le montrent les résultats de la région dans les évaluations internationales. Pour y remédier, il faudrait réorganiser de fond en comble la gouvernance du système éducatif, c'est-à-dire faire évoluer les modes d'apprentissage et les régimes d'incitation pour les enseignants, et réformer les systèmes d'enseignement supérieur. La Banque mondiale met aussi en avant l'exclusion financière et sociale qui est forte. L'accès aux financements est faible et le système de protection sociale fragmenté et inefficace - près de 8 % du PIB sont essentiellement consacrés à subventionner le prix du carburant ainsi que des réseaux de redistribution de produits alimentaires inefficaces qui n'atteignent pas les plus démunis. En outre, l'intégration et la diversification du commerce sont faibles, tant au niveau des produits que des marchés. Les échanges au sein de la région Mena, en particulier, ainsi que les échanges hors pétrole avec le reste du monde, sont restés insuffisants et ont freiné la croissance et les opportunités d'emploi. Aussi, pour l'institution de Bretton Woods, de nombreux pays de la région ne peuvent plus rester des employeurs de premier et de dernier recours. Toute stratégie de développement dans les pays de la région Mena doit privilégier une croissance économique tirée par le secteur privé et créatrice d'emplois. À cet égard, les difficultés sous-jacentes de la région n'ont pas changé. Aussi, la BM conseille de déployer rapidement des programmes pour réduire la volatilité des prix alimentaires. Les pays de la région Mena importent 30 % du blé négocié dans le monde entier, et ce pourcentage devrait passer à 55 % d'ici 2030. La forte hausse des prix des produits alimentaires suscite de vives inquiétudes quant à la sécurité alimentaire, la malnutrition et l'aggravation de la pauvreté. Cette tendance concerne tout particulièrement les pays de la région Mena, sachant que leurs populations connaissent un accroissement rapide, que leurs ressources en eau et en terres arables sont limitées et qu'ils sont très dépendants des marchés alimentaires internationaux. Il s'agit, aussi, d'encourager l'intégration économique mondiale et régionale. À la demande du monde arabe, le Groupe de la Banque mondiale a lancé plusieurs programmes de coopération régionale, qui s'inscrivent dans le cadre plus large de la fourniture de conseils aux pays de la région Mena sur l'action à mener en matière d'intégration économique (interne et externe). D.T