La taxe carbone, si elle devait être appliquée par les pays développés à l'issue du sommet de Copenhague, coûtera gros aux membres de l'OPEP. Les pays exportateurs de pétrole et de gaz pourraient ainsi perdre 3.000 milliards de dollars de recettes financières à l'horizon 2050, a estimé hier Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines. «Les pays développés imposent déjà de lourdes taxes sur les exportations des hydrocarbures. La taxe carbone aura des implications à long terme sur les revenus des pays pétroliers, car elle sera à l'origine d'une baisse de la demande sur les produits pétroliers qui coûteront plus chers. Si cette nouvelle taxe est appliquée, les consommateurs vont s'orienter vers d'autres sources d'énergies comme le charbon et le solaire», précise le ministre sur les ondes de la chaîne III. A ce propos, il a déclaré que les pays développés imposent déjà de lourdes taxes sur les hydrocarbures atteignant les 80% en Grande Bretagne et les 60% en France. Pour Chakib Khelil, cette taxe carbone est «discriminatoire» -puisqu'elle n'est pas appliquée sur le charbon-, une matière plus polluante que les hydrocarbures. Le ministre a souligné que les pays développés ne se soucient pas de réduire les émissions de gaz à effet de serre mais ils espèrent en réalité à travers l'application de cette nouvelle taxe carbone relancer leurs économies durement touchées par la crise économique et financière. Selon Chakib Khelil, il y a un consensus très clair entre les membres de l'OPEP pour rejeter cette nouvelle taxe «discriminatoire» qui ne servira pas les intérêts des pays exportateurs et ceux en voie de développement. «Les pays de l'OPEP travaillent depuis très longtemps sur ce dossier pour sortir avec une position commune lors du sommet de Copenhague», assure le ministre. Revenant sur les démarches de l'Union-européenne visant à convaincre les pays de la rive sud de la Méditerranée pour investir les énergies renouvelables, Chakib Khelil a estimé que ces sources d'énergies restent coûteuses et posent des problèmes pour l'exportation de l'énergie électrique vers les pays européens. Le projet « Desertec » devra coûter des investissements de 400 millions de dollars. Le ministre a regretté les entraves mises par les pays européens pour bloquer les exportations algériennes de l'énergie électrique. Dans ce contexte, il a révélé -que la Sonelgaz qui s'est installée récemment en Espagne- rencontre d'énormes difficultés pour commercialiser l'électricité. Une autre société de droit algérien spécialisée dans les engrais souffre aussi des obstacles pour exporter ses produits en Europe après l'imposition par l'UE d'une taxe sur les engrais produits en Algérie. Concernant la signature d'un accord stratégique sur l'énergie avec l'UE, il a affirmé que l'Algérie conditionne la signature de cet accord par son généralisation à tous les pays membres de l'Union-européenne. «Pourquoi nous signerions un accord avec l'Union Européenne si cet accord ne s'applique pas à tous les membres?», s'est interrogé Chakib Khelil. Il a révélé que les négociations sont en cours. «Qu'est ce qu'on obtiendrait en retour de la signature de cet accord stratégique? L'Algérie demande la libre-circulation des personnes avec l'Europe. Il ne s'agit pas de vendre seulement le gaz. Nous voulons bénéficier également d'un transfert de technologies et d'une ouverture du marché européen», conclut le ministre.