Les membres de l'Opep tentent de coordonner leurs actions pour bloquer le projet d'adoption de la taxe carbone. L'Algérie redoute l'application de la taxe carbone. Ce point, qui sera débattu lors du prochain sommet de Copenhague, inquiète aussi les membres de l'Opep qui tentent de coordonner leurs actions pour bloquer la proposition française. Hier, le ministre de l'Energie et des Mines, M.Chakib Khelil, qui était l'invité de la rédaction de la Chaîne III, a évoqué une action à l'intérieur de l'Opep afin de dissuader les partisans de la taxe carbone à mettre en application cette nouvelle disposition. «Tout d'abord, les pays producteurs de pétrole rejettent qu'ils soient placés au même rang que les pays consommateurs donc pollueurs», précise le ministre. C'est là, le premier défi à relever par l'Opep les mois prochains. Mais au-delà de ce détail «de principe», les producteurs d'or noir craignent la chute des cours du pétrole avec le recul de la demande. Khelil est catégorique: «Si le sommet de Copenhague adopte cette proposition, cela augurera d'un avenir pas très reluisant sur l'avenir de l'utilisation du pétrole.» Mais à l'heure actuelle, il reste prudent. «Nous ne savons pas ce qui va résulter de cette rencontre.» Le ministre de l'Energie et des Mines a révélé l'intention de l'Algérie de se tourner vers le gaz, après avoir concentré les efforts et les investissements sur le pétrole. «On a fait un effort exceptionnel pour l'augmentation de la production de pétrole depuis l'année 2000 et aujourd'hui on fait plus d'effort dans le développement du gaz et les découvertes que nous avons faites jusqu'à maintenant sont beaucoup plus des découvertes du gaz, donc il est tout à fait normal qu'on développe cette capacité.» L'objectif étant de satisfaire les besoins du marché national et ceux de l'exportation. L'Algérie va passer de 62 milliards de mètres cubes exportés actuellement à près de 85 milliards de mètres cubes par an vers les années 2013-2014. Interrogé sur la politique menée actuellement par son secteur pour diversifier la production énergétique, le ministre a répondu que cette diversification induit des coûts, mais sa rentabilité est garantie à long terme. Sur ce point, son ministère a élaboré un projet de loi sur l'énergie nucléaire, actuellement en discussion au niveau du gouvernement, a-t-il précisé. «Nous renforçons nos capacités au niveau des réacteurs de recherche et des ressources humaines, avec par exemple, la création d'un Institut de génie nucléaire», a-t-il expliqué. Cela permettra une préparation pour la construction de centrales nucléaires dont la première verra le jour en 2020. D'autres suivront à raison d'une centrale tous les cinq ans. L'investissement est colossal, sachant que chaque centrale coûtera 6 milliards d'euros. L'Algérie compte, dans ce domaine, sur le partenariat avec les USA, la Russie, la Chine, l'Argentine et la France. Le ministre est revenu sur la création du Forum des pays exportateurs de gaz (Fpeg). Cette institution devrait défendre les intérêts des pays exportateurs. «Le Fpeg devrait fonctionner comme l'Opep en tant qu'organisation économique qui défendrait les intérêts économiques malgré les divergences politiques existant entre les membres de ce forum», a déclaré M.Khelil. Le ministre reconnaît qu'«au sein de l'Opep il y avait toujours des divergences politiques entre les membres de l'Organisation, mais ils parvenaient à défendre leurs intérêts notamment concernant le prix juste du pétrole». S'agissant de savoir si une Opep du gaz favoriserait un partenariat stratégique entre les grands producteurs tels que la Russie, le ministre a répondu que «ce Forum a pour objectif de défendre un meilleur prix du gaz qui a décliné d'une manière substantielle dernièrement en raison du développement par les Etats-Unis d'une nouvelle technologie leur permettant de devenir autosuffisants en cette ressource énergétique». M.Khelil a expliqué à ce propos que le gaz devant être exporté aux Etats-Unis est en train de se réorienter en Europe, ce qui s'est traduit par une baisse du prix du gaz, notamment celui vendu sur le marché Spot. En revanche, le prix du gaz vendu dans le cadre des contrats à long terme, malgré sa baisse, n'a pas autant reculé que les prix du marché Spot, selon ses explications. Jugeant le prix actuel de cette énergie «bas», le ministre a appelé les pays membres à se mettre d'accord sur une stratégie pour obtenir un prix juste du gaz. Commentant l'objectif de ce Forum qui est l'échange d'informations sur les contrats gaziers, M.Khelil a regretté que «jusqu'à présent cet objectif n'a pas été atteint (...) Chacun des pays membres garde ses contrats de vente de gaz à long terme très confidentiels, personne ne veut dévoiler à quel prix il vend son gaz sur le marché», dira-t-il. Enfin, Khelil a reconnu que l'Algérie a réduit de 15% le volume de pétrole exporté après la réduction de sa production. Elle a réussi à tripler le prix avec cette décision. «L'Algérie maintiendra son quota de 1,2 million de barils pour soutenir les prix au niveau de 70 dollars.»