Aucune nouvelle taxe carbone ne sera acceptée. Tel est le message d'Alger. Chérif Rahmani, ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, l'a rappelé hier. La messe écologique, qui a débuté hier à Copenhague (la clôture est prévue le 18 décembre), va-t-elle déboucher sur le sacrifice des pays du Sud ? Un risque loin d'être farfelu. La Conférence mondiale sur le climat, organisée par l'ONU, sera attendue précisément sur le très controversé sujet de la taxe carbone. Sous la double casquette de représentant de l'Afrique et évidemment des pays producteurs de pétrole, l'Algérie avait à l'avance annoncé la couleur. Aucune nouvelle taxe carbone ne sera acceptée. Tel est le message d'Alger. Cherif Rahmani, ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, l'a rappelé hier sur les ondes de la radio Chaîne III, et avant lui Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines. Ce dernier ne ratait aucune occasion pour revenir sur cette position de refus. Il y a moins d'un mois, il affirmait qu'“on veut imposer la taxe carbone sur le pétrole et le gaz et non sur le charbon qui est le plus polluant. Si ces pays arrivaient à imposer la taxe carbone sur le pétrole et le gaz, l'Opep dont l'Algérie est membre, perdrait 3 000 milliards de dollars d'ici à 2050”. Le président de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole sait de quoi il parle. Mettre sur un pied d'égalité les hydrocarbures et le charbon concernant la pollution est une thèse indéfendable. Les faits sont là. Le charbon est l'énergie fossile la plus émettrice de CO2. Mieux encore, les experts sont unanimes à affirmer qu'une centrale à charbon relâche 10 fois plus de radioactivité qu'une centrale nucléaire. C'est en connaissant le “profil” des pays qui en dépendent qu'on peut avoir une idée sur ce qui se trame à Copenhague. Les principaux pays producteurs sont les Etats-Unis (27%), la Russie (17%), la Chine (13%), l'Inde (10%) et l'Australie (9%). Les principaux consommateurs sont les Américains et les Chinois. La puissance et l'influence de ces pays jouent et joueront sans aucun doute sur les résolutions finales du sommet. Mettre sur un pied d'égalité les vendeurs de pétrole et les pollueurs est l'un des objectifs annoncés par les pays industriels, même s'ils présentent la “chose” sous des termes moins directs. Ce qui est dit et affiché, à l'encontre de l'Afrique, par les représentants des pays industriels, fait plus partie d'une politique de leurres que de solutions tangibles. Les enjeux sont, de très loin, plus “profonds”. Les projections, à court, moyen et long terme, lancées à tout bout de champ depuis plusieurs années, cachent plus qu'elles ne montrent. La géopolitique post-guerre froide est passée par-là. D'où l'importance d'une position africaine et “opepienne” ferme en terre danoise. Pour cela, il y a eu tout de même des préparatifs en signe d'“espoir” pour le continent le plus vulnérable au réchauffement du climat et qui, surtout, moins de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Il y a deux mois, des dirigeants africains, réunis à Ouagadougou à l'occasion du 7e Forum mondial sur le développement durable, ont estimé avoir besoin de 65 milliards de dollars pour faire face aux défis climatiques. Un vœu qui ne pourra se concrétiser que si les pays africains sautent du statut de simple témoin inerte à celui d'acteur actif. Un “constat” qui s'implique également à tous les membres de l'Opep. Reste maintenant le concret.