Le millefeuille fiscal, la liste négative des produits importés dans le cadre de la ZALE, la labellisation et la traçabilité des boissons algériennes sont autant de dossier qui attendent des décisions des pouvoirs publics, notamment avec l'adhésion de l'Association algérienne des producteurs de boissons à une démarche environnementale, a développé son président Ali Hamani, faisant un point de situation de la filière, en marge de la soirée organisée à l'issue des travaux de l'Assemblée générale ordinaire de fin d'année. Le Financier : Qu'est ce qu'il y a de nouveau dans le secteur de la production de la boisson en Algérie ? Ali Hamani : Il y a un certain nombre de dossiers introduits au niveau des instances et institutions de l'Etat dont le dossier ZALE (Zone arabe de libre- échange) introduit auprès du ministère du Commerce. Les produits devant figurer sur la liste négative ont été acceptés. Nous attendons les négociations avec l'ensemble des pays membres de la zone. Les producteurs algériens ont demandé d'insérer 1.000 produits dans la liste négative qui existe déjà, à travers le comité technique. Ce dernier avait donné un accord, selon certaines sources d'informations, sur 700 produits. C'est déjà un acquis pour nous. Ces produits bénéficient des avantages fiscaux dans les pays d'origine qui n'existent pas chez nous. Il y a même des intrants subventionnés. L'APAB a présenté des preuves dans ce sens. Il est anormal et déloyal que ces produits rentrent en Algérie et bénéficient encore des avantages douaniers dans le cadre du ZALE. Concernant les eaux embouteillées, ce qu'on a appelé le millefeuille fiscal, le dossier est toujours à l'étude, au niveau du ministère des Finances. Nous avons même demandé aux membres de l'APN de nous donner un coup de main sur ce plan, car un problème de principe de l'assiette fiscale se pose. Le dossier portant sur la qualité et labellisation des produits, afin de conforter le consommateur, l'Institut algérien de normalisation (IANOR) a pris le dossier en charge. Nous allons bénéficier d'un financement dans le cadre de la traçabilité de nos produits pour remonter à la source. Dans ce sens, un guide de traçabilité du produit verra le jour. Le Financier : Pourriez-vous en dire plus sur ce guide de traçabilité du produit? Ali Hamani : Ce guide est de conforter le consommateur sur les problèmes de la qualité, de trouver en cas de faille d'où vient le problème et la date exacte- pour qu'on puisse bloquer immédiatement la marchandise- d'une part, d'autre part, pousser l'ensemble des producteurs à avoir le label. Car la traçabilité est une chose et le label produit nécessite un certain nombre de règles de qualité ainsi que la mise en place d'un laboratoire approprié. L'objectif aussi est que les producteurs fassent preuve de plus de morale vis-à-vis des consommateurs. Ce guide est en cours de conception. Il pourra voir le jour en 2010, avec l'aide des pouvoirs publics, à savoir les ministères du Commerce, de l'Industrie et de la Santé. Ce dernier est concerné en cas d'intoxication. Nous avons discuté avec le ministère du Commerce, toujours concernant les aspects de qualité, sur la responsabilité en matière de stockage des produits. Par exemple, les boissons gazeuses, embouteillées dans le PET (matière recyclable), sont stockées au soleil, alors que grossistes et détaillants n'ont pas le droit. Personne n'intervient. Les eaux ne posent pas tellement de problèmes, c'est surtout les boissons gazeuses et les jus de fruits. Le producteur est pointé du doigt. C'est pourquoi nous mettons un terme à tout ça en soumettant des propositions aux pouvoirs publics. Apparemment, l'Etat a une part de responsabilité. Il y a toute une étude juridique qui est entrain d'être réalisée pour proposer aux institutions concernées des règles afin de responsabiliser chacun dans son domaine. Au jour d'aujourd'hui, il y a sur le produit le numéro du lot, la date de fabrication. De ce fait, les sociétés qui possèdent des principes de traçabilité retrouvent la bouteille et le nom du grossiste. Je peux vous dire dans notre cas, tel produit a été vendu à telle date, à telle heure et à tel client. Donc, on peut le bloquer immédiatement en cas de problème. Le Financier : Justement, que font les associations de protection des consommateurs dans ce sens? Ali Hamani :Où sont ces associations? Nous avons souhaité travailler avec les associations de protection des consommateurs. Ou du moins, leur donner des informations qui concernent le consommateur telle que la différence entre l'eau de source et l'eau minérale, entre le jus de fruits, le nectar de fruits et la boisson aromatisée. Il n'y a pas d'associations. Nous n'arrivons pas à les avoir. Nous avons fait appel à elles. Celles qui existent n'ont pas les moyens pour activer. Ont-elles de la volonté? Le Financier : S'agissant de la labellisation, pourquoi le dossier n'avance-t-il pas? Ali Hamani : Il s'agit d'une étude purement technique que nous avons confiée à l'IANOR dans le cadre d'un contrat depuis 2008. Cela demande du temps, car une étude approfondie est nécessaire pour mettre toutes les règles en place. J'espère que d'ici la fin 2010, on verra le dossier aboutir et avoir ainsi toutes les règles pour un label. Le Financier : Depuis l'application obligatoire du crédit documentaire dans les opérations d'importation, l'activité a-t-elle accusé des pertes? Ali Hamani : Oui. En effet, depuis l'application du crédit documentaire, l'activité a accusé des pertes. Malheureusement, il est difficile de les quantifier pour l'activité. Il existe 1.657 entreprises au total. Malheureusement, il y a à peu prêt 700 qui activent, selon une expertise qui a été faite, dont 35 membres de l'association qui sont les leaders dans l'activité. Celles-là ont subi les conséquences de l'application de cette nouvelle règle, mais elles n'ont pas de problèmes de trésorerie, car elles ont les capacités de négociations avec les banques. Nous avons posé le problème des entreprises qui n'ont pas les capacités de trésorerie, qui travaillent avec l'argent du fournisseur et n'arrivent pas à obtenir les crédits nécessaires. Les PME et PMI ont des difficultés à faire face à l'importation de leurs matières premières. Selon des sources, 45 producteurs ont fermé à l'Est ; à Constantine, à Annaba, à Tébessa et El Tarf. 200 entreprises sont menacées de fermeture. Dans la nouvelle règle, il faut avoir la disponibilité de l'argent, le bloquer et faire face aux surcoûts. Le problème est là. On ne remet pas en cause les décisions de l'Etat, mais il faudra mesurer l'aspect économique et écouter les chefs d'entreprises. Le Financier : Sur le millefeuille fiscal, que pourriez-vous dire? Ali Hamani : Il y a 11 producteurs d'eau embouteillée. Ils sont les majors. Un dossier a été préparé et des propositions ont été faites au ministère des Finances en comparant avec les pays maghrébins. Une taxation unique a été proposée pour les eaux embouteillées pour passer de 15% hors TVA, actuellement, hormis la taxe de l'activité industrielle, à 3% mais pas au delà de 5%. Un engagement a été aussi pris de notre part pour réduire le prix de vente. Le Financier : A combien s'élève le chiffre d'affaires de la filière boissons? Ali Hamani : En 2007, il était de autour de 45 milliards de DA -avec une évolution située entre 6 et 7% annuellement- car il y a une évolution de la consommation. Le problème est que nous n'arrivons pas à nous placer au niveau des pays voisins. Le Financier : L'APAB vient d'adhérer au Réseau des entreprises maghrébines pour l'environnement (REME), comment la production de boissons pourrait nuire à l'environnement? Ali Hamani : En effet, l'APAB a adhéré au mois d'octobre 2008 au REME. L'activité peut nuire à l'environnement par : les rebuts, les eaux de rejets, les stations d'épuration et de traitement d'eau ainsi que la consommation excessive d'eau. Il faudra réduire cette consommation en mettant en place des robinets spéciaux dans les usines. Nous sommes de grands consommateurs d'eau. Sur un point d'eau, la réduction est d'au moins 35%. Le Financier : Quelles sont les plus anciennes boissons en Algérie? Ali Hamani : Il y a entre autre «Hamoud Boualem», le Doyen, à Alger, «l'exquise» à Oran et «Mamy» à Sétif. Propos recueillis par Malak farah