La filière nationale des boissons souffre de l'ouverture du marché aux produits provenant des pays signataire de l'accord portant zone arabe de libre-échange. Les producteurs nationaux souffrent à double titre. Ils doivent faire face à la concurrence déloyale de certains produits provenant de la Zale et des lenteurs et complications administratives et fiscales induites par la loi des finances complémentaire pour 2009. Dans ce sens, le président de l'Association des producteurs algériens de boissons (Apab), M. Ali Hamani, a indiqué, jeudi soir, en marge de l'assemblée générale de l'Apab, que grâce à une action concertée avec les pouvoirs publics, pas moins de 700 produits ayant un rapport avec la filière boissons seront introduits dans la liste négative et ne bénéficieront pas de fait des avantages et exonérations douanières induite par l'adhésion à la Zale. Le président de l'Apab a indiqué, dans ce sens, que son association a soumis au ministère du Commerce une liste de 1 000 produits qui n'obéissaient pas aux règles normatives en la matière ou qui bénéficient de subventions, sur lesquels le département a retenu 700 afin de les intégrer dans la liste négative de la Zale dans un premier temps, pour ensuite intégrer les 300 restants. Il faut dire que l'Apab s'est attelé, dès les premières heures de l'accord d'intégration à la Zale, à attirer l'attention des pouvoirs publics, et en première loge le ministère du Commerce, sur les répercussions fâcheuses que peuvent engendrer les dispositions contenues dans l'accord. En effet, il fût constaté, dès l'entrée en vigueur de l'accord Zale, une présence massive de produits concurrents, en provenance des pays signataires de l'accord, exonérés de tous droits et taxes à l'entrée sur le sol algérien. Toutefois, dans le cadre de l'accord, il est imposé aux producteurs algériens de faire face à une concurrence sur les produits dont les coûts et les conditions de production sont largement avantageux dans leur pays d'origine, et qui de surcroît, se retrouvent dispensés de tout versement douanier. Pour ce qui est de LFC 2009 et plus particulièrement en ce qui concerne l'instauration du crédit documentaire en tant qu'unique mode de paiement des opérations de commerce extérieur, M. Hamani a indiqué qu'il est nécessaire de fait la part entre l'importation de biens et services destinés à la revente en l'état et l'importation de matières premières entrant dans le cadre d'un process de production. Il estime que si l'instauration du Credoc est un moyen de freiner l'importation de biens et services destinés à la revente en l'état, ce procédé pose d'énormes problèmes aux producteurs locaux, qui font face à des surcoûts et à des lenteurs pour ce qui est de l'importation des matières premières. Cela risque, au lieu de préserver l'outil de production nationale, de grever la compétitivité des entreprises algériennes. M. Hamani a indiqué, dans ce sens, que cette problématique a été soulevée au début du mois, à l'occasion de la tripartite et que les contacts avec le gouvernement sont en bonne voie pour aboutir à une suspension du Credoc pour l'importation des matières premières. Concernant la révision de la nomenclature douanière relative aux intrants de production, l'Apab appelle à une révision fondamentale du régime douanier appliqué aux produits transformés et considérés comme matières premières. En effet, différentes matières premières essentielles, usitées par la filière "boissons" sont encore assujetties à des taux de droits de douanes inexplicables et anti-compétitifs. Nous citons, à titre d'exemple, le sucre, taxé à 30% de droits de douanes, certains concentrés et emballages taxés à 15%. Enfin, et pour ce qui concerne la pression fiscale, l'Apab a attiré l'attention des pouvoirs publics autour de la pression fiscale que subit, particulièrement, la sous-filière des "eaux embouteillées". Il faut signaler que l'Apab a fixé une série d'objectifs à atteindre en 2010, afin de sensibiliser les pouvoirs publics sur la nécessité de réviser le tarif douanier des intrants de production, de sensibiliser les pouvoirs publics au "millefeuille fiscal" dont souffre particulièrement la sous-filière des "eaux embouteillées" de formuler des propositions de mesures au ministère du Commerce autour de la responsabilité de stockage des boissons, d'entériner la création de I'Institut algérien de gouvernance d'entreprise, de finaliser la rédaction et l'édition du manuel de traçabilité, d'organiser une tournée régionale de sensibilisation des opérateurs à l'enjeu de la traçabilité, de finaliser l'élaboration du référentiel normatif et de labellisation des boissons, de poursuivre la contribution au projet de centre technologique agroalimentaire en partenariat avec le ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements, et enfin d'entreprendre une enquête exhaustive du marché des boissons. Isma B.