Le nombre de touristes en Algérie a connu une augmentation régulière au cours des trois dernières années: la hausse enregistrée en 2012 était de 10%, pour un total de 2,6 millions de touristes. Ces chiffres sont prometteurs pour le projet du gouvernement de développer le secteur sur le long terme, qui constitue un aspect clé de la diversification d'une économie jusque-là axée sur les hydrocarbures, même si son développement continue d'être freiné par une capacité hôtelière insuffisante et des prix élevés. Des responsables du Ministère du Tourisme ont indiqué, à l'occasion du 14ème Salon International du Tourisme et des Voyages (SITEV) qui s'est tenu à Alger à la mi-mai, que le secteur contribuait au PIB algérien à hauteur de 2%, soit bien moins que dans les pays voisins que sont le Maroc et la Tunisie. En vue de faire décoller ces chiffres, l'Etat a mis en place une stratégie visant à encourager les investissements privés dans de nouveaux établissements et à améliorer la formation professionnelle. L'un des objectifs affichés par le Ministère du Tourisme est de faire passer le nombre de lits d'hôtel correspondant aux standards internationaux de 19 000 à 75 000 d'ici 2015. Le SITEV, qui a attiré 195 exposants venus de 11 pays étrangers, a donné lieu à la signature d'un accord entre l'Algérie et l'Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) qui devrait permettre d'établir des statistiques sectorielles plus fiables et contribuer à l'amélioration de la qualité et du système de classification des hôtels et d'autres établissements touristiques. Si le nombre de visiteurs est en augmentation constante, les chiffres sont faussés par le fait que la plupart des arrivées internationales sont en fait des Algériens vivant à l'étranger, ces derniers représentant 1,65 million des 2,6 millions d'arrivées enregistrées en 2012, d'après les données publiées par l'Office National Algérien du Tourisme (ONAT). Pour ce qui est des autres visiteurs, ils viennent principalement de Tunisie (environ 530 000), puis de France, d'Espagne et d'Italie. Signe encourageant pour le secteur, 71,5% des visiteurs hors Algériens avaient choisi cette destination à des fins de loisir, ce qui représente une hausse de 11,48% en glissement annuel. L'Algérie a encore du chemin à faire si elle veut être au même niveau que d'autres destinations plus établies mais le secteur touristique y connait une croissance plus rapide que celle des pays voisins, tout au moins en 2012, même si celle-ci part de plus bas. L'année dernière, le Maroc a enregistré un total de 9,38 millions de visiteurs nationaux et internationaux, des chiffres supérieurs d'environ 1% à ceux de 2011. Quant à la Tunisie, elle comptabilisait en 2012, 5,95 millions de visiteurs, ce qui représente une amélioration considérable par rapport aux chiffres de 2011 et est le fruit des efforts continus du pays de dissiper les craintes quant à un accroissement des risques liés aux troubles politiques en cours. Ces chiffres sont cependant encore inférieurs de 11,3% à ceux de l'année 2010, qui avait enregistré 6,7 millions de touristes. Le gouvernement algérien vise à faire du tourisme un outil de développement régional, en plus de de diversifier l'économie. Cette politique concerne tout particulièrement les régions du sud et du sud-ouest, qui jouissent d'un environnement relativement préservé et ne présentent que des opportunités limitées en matière d'activité économique locale. L'Etat a mis en place des mesures financières incitatives pour les investissements dans les zones clés, avec notamment une réduction de 50% des coûts des titres fonciers pour des projets dans la région des Hauts-Plateaux, et de 80% pour des projets dans les provinces du sud. L'Etat a également réduit les coûts de financement en subventionnant les frais liés aux crédits bancaires contractés pour des projets dans ces régions. Trois régions en particulier – Adrar, Timimoune et Béchar- devraient accueillir plusieurs projets sur le moyen terme et participer ainsi à la création d'un centre touristique dans le sud-ouest. Dans le cadre du programme de développement régional, le gouvernement vise à faciliter la construction de 14 000 nouveaux lits d'hôtels dans ces zones sur les 10 prochaines années, puis de 16 000 lits supplémentaires au cours de la décennie suivante. Selon les estimations des pouvoirs publics régionaux, cette politique pourrait créer 12 000 emplois directs et 42 000 emplois indirects d'ici 2030. Le tourisme intérieur fait également partie intégrante de la stratégie gouvernementale de développement du tourisme, en particulier dans les régions du sud. Selon l'ONAT, quelque 1,9 million d'Algériens auraient voyagé à l'étranger en 2012, une hausse de 11,43% en glissement annuel. À l'heure où la consommation augmente, ces chiffres devraient poursuivre leur croissance et offrir au secteur du tourisme et de l'hôtellerie des opportunités considérables. Les investissements du secteur privé joueront un rôle important quant à la réussite de ces programmes. Des responsables du Ministère du Tourisme ont indiqué qu'environ 90% des hôtels et autres établissements touristiques appartenaient à des entités privées. L'objectif du gouvernement d'atteindre 75 000 lits d'hôtel d'ici 2015 ne pourra sans doute être réalisé que si les acteurs algériens et étrangers du secteur privé jouent un rôle clé dans cette entreprise.