Le Financier : Il y a quelques jours, rumeurs et annonces officielles se sont succédé quant à un possible abandon par la Russie et la Chine de l'unité «pétrodollar» pour les échanges commerciaux et hydrocarbures notamment. L'impact sur la valeur du dollar américain est indiscutable. Cependant, quel serait l'impact d'après vous sur nos réserves de change? Fayçal Anseur* : Cette décision sino-russe de s'en passer du dollar dans leurs échanges était prévisible, car les USA usent et abusent de la planche à billet, la FED en est à son 4ème ou 5ème Quantitaive Easing (QE), je crois. Par conséquent, plus il y a des dollars qui circulent, plus cette monnaie perd de sa valeur (inflation, entre autres), et devient de moins en moins attrayante et instable. Aussi, depuis la décision unilatérale des USA de décrocher le dollar de l'or (fin des accords de Bretton Woods annoncé par Nixon le 15 août 1971), la valeur de celui-ci n'a cessé de dégringoler, mais les USA ont su malgré tout l'imposer comme l'unique monnaie d'échange internationale grâce au deal passé avec l'Arabie Saoudite à travers le fameux Pacte de Quincy ; l'Arabie Saoudite s'engageant à ne vendre son pétrole qu'en dollar en contre partie de la protection militaire US. D'ailleurs, Washington n'hésite pas aujourd'hui à recourir à la force armée pour imposer sa monnaie, c'est tout ce qui lui reste, sa puissance militaire, après avoir perdu son leadership économique mondial. Pour résumé, tous les spécialistes sérieux s'accordent à dire que le dollar est une monnaie moribonde, qu'elle est appelée à disparaître dans un avenir proche, tout comme l'euro, ce qui provoquerait un collapse monétaire à l'instar de ce qui s'est passé en Argentine, mais cette fois-ci ce serait planétaire ; beaucoup de pays y laisseraient des plumes, d'autres ne s'en relèveraient peut-être jamais. Quant à l'Algérie, le gouvernement Bouteflika a décidé sans concerter le peuple à placer environs 185 milliards de dollars (et d'autres monnaies) dans le circuit financier américain. Vu les circonstances, ce placement est à risque, étant donné la volatilité de la valeur du dollar et son avenir incertain. En cas de crash monétaire, qui garantirait à l'Algérie qu'elle pourrait récupérer cet argent. A fortiori, quand il s'agit d'un pays qui n'a pas toujours respecté ses engagements internationaux. Le mieux serait d'investir ce capital dans quelque chose de durable. Le monde occidental vit une crise économique aiguë, c'est là une opportunité pour l'Algérie de placer cet argent dans l'économie réelle, en rachetant ou en prenant des parts dans les capitaux d'entreprises en difficulté. Cela permettra au pays de sécuriser ses placements, développer et diversifier son économie (transferts de technologie, entre autres) et sortir de la logique de la rente. Fayçal Anseur,