Leur modus operandi consistait en l'acheminement du kif de la ville frontalière de Maghnia vers l'Est du pays, notamment Annaba et Sétif, en utilisant comme point de transit une ferme à Misserghine (périphérie Ouest d'Oran), où la marchandise est fourrée dans les parois d'automobiles. Dans ce jeu, l'exploitation agricole n'était qu'une société-écran; une diversion. Le tribunal criminel d'Oran a condamné jeudi neuf personnes à des peines entre la réclusion à perpétuité et 15 ans d'emprisonnement pour «trafic de drogue». Six autres individus, dont une femme, ont été condamnés à 6 mois de prison avec sursis pour «vente de biens placés sous l'objet de confiscation». La genèse de cette affaire remonte au 27 décembre 2008, lorsque les services de sécurité, agissant sur la base d'informations fiables, ont encerclé une ferme située à Misserghine (Ouest d'Oran). Après une fouille minutieuse de tout le domaine, dans un entrepôt, ils ont découvert une quantité de 55 kilos de kif sous forme de 110 plaques de 500 grammes chacune. Elles étaient emballées dans une boîte en carton. L'un des fils de la famille exploitant cette ferme, un certain Bouhmama, a été arrêté sur-le-champ. De plus, une somme de 36 millions de centimes a été trouvée en sa possession. De fil en aiguille, les enquêteurs ont remonté aux ramifications de ce réseau, dont la source d'approvisionnement était localisée dans la ville frontalière de Maghnia. Là, la perquisition dans le domicile d'un baron répondant aux initiales de M.A.A, surnommé «Et'Tiarti», a permis aux enquêteurs de saisir une autre quantité de résine de cannabis traité de 101 kilos. Les enquêteurs ont pu ainsi reconstituer les puzzles du mode d'emploi de ce réseau de narcotrafiquants, notamment avec la découverte à l'orée de la ferme de Misserghine d'une voiture de marque Peugeot 306, immatriculée à Skikda, dont les gaines et les housses étaient déjà enlevées pour y fourrer les 110 plaquettes de kif. Le propriétaire et conducteur de ce véhicule, le convoyeur du réseau dit «El'Annabi», est tombé lui aussi dans les filets -à la faveur d'une souricière- tendue par la brigade antistupéfiants de la Gendarmerie nationale. Sur la base des investigations élargies avec à la clé les aveux des barons arrêtés, il s'est avéré que ce réseau avait plusieurs opérations similaires, c'est-à-dire l'acheminement du kif de Maghnia à l'Est du pays -en utilisant comme point de transit- ladite ferme de Misserghine, à son actif. Quant aux personnes poursuivies pour le délit concomitant de transaction dans des objets confisqués et sans l'obtention de la décision de mainlevée par la justice, elles se sont rendues coupables de cet acte après avoir vendu un lot de matériel agricole et une partie du cheptel de l'exploitation agricole, dont au moins une dizaine de têtes bovines et une centaine de têtes ovines. A l'issue d'un réquisitoire au ton acerbe, pour sa part, le représentant du ministère public avait requis la sanction maximale prévue par le code pénal contre les neuf trafiquants jugés contradictoirement, à savoir: la réclusion criminelle à perpétuité.